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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 octobre 2013

13 mars 1916.

   Etang_de_Vaux_1

Comparée aux précédentes, la nuit du 12 au 13 reste assez tranquille dans la zone occupée par la 43e D.I.. Vers 3 h 45, une attaque allemande de faible envergure se déclenche dans le secteur de la 86e brigade. Celle-ci est rapidement stoppée. La tranquillité relative dans laquelle se trouvent les unités engagées se termine vers 4 h 00. L’accalmie aura été de courte durée ! Le marmitage reprend de manière assez vive aux alentours immédiats des positions françaises.

Le 21e R.I. qui est, depuis plusieurs jours, dans ce secteur de première ligne, va enfin être relevé. La veille, le 10e B.C.P. a reçu l’ordre de se mettre en mouvement dès la tombée de la nuit pour venir le remplacer. Deux bataillons du 17e RI marchent également dans cette direction. Ce bataillon de chasseurs et ces éléments du 17e R.I., vont former le groupement Randier. Ce groupement va faire la charnière entre les unités qui sont sous l'autorité du général Martin de Bouillon et celles qui sont commandées par le général Baucheron de Boissoudy. 

Carte_journee_du_13_mars_1916

 

Legende_carte_journee_du_13_mars_1916

Le dispositif à réaliser pour les hommes du commandant Randier consiste à organiser et à occuper deux sous-groupements qui seront séparés par le ravin de l’étang de Vaux.

Le point d’appui A doit être tenu par le 10e B.C.P. et ses sections de mitrailleuses, le point d’appui B par le 3e bataillon du 17e R.I. et les sections de mitrailleuses de la 1ère compagnie de mitrailleuses de la 85e Brigade. Tous les hommes constituant cette compagnie de mitrailleuses sont fournis par le 149e R.I..

La défense du ravin et les soutiens sont assurés par le 2e bataillon du 17e R.I. et les sections de la 2e compagnie de mitrailleuses de la 85e brigade et celles du 17e R.I.. 

Carte_groupement_Randier_journee_du_13_mars_1916

 

Legende_carte_groupement_Randier_13_mars_1916

Le secteur occupé par le groupement Randier est divisé en trois points d’appui nommés A, B et C. Chaque point d’appui est lui-même divisé en plusieurs sous-secteurs. A1, A2, A3 et A4 se trouvent dans la zone du point d’appui A. BI, B2, B3 et B4 se trouvent dans la zone du point d’appui B. C5, C6, C7 et C8 constituant la défense du ravin et les soutiens qui se trouvent plus en arrière. 

Tableau_groupement_Randier_journee_du_13_mars_1916

La relève du groupement Randier se fait sans incident, mais il faut couvrir le territoire alloué aux unités avec un effectif moindre que prévu. Quelques compagnies n’ont pas pu rejoindre à temps leurs nouveaux emplacements conformément aux ordres reçus. Elles arriveront dans le courant de la journée. Les hommes se mettent immédiatement au travail pour réparer les tranchées qui sont en piteux état à la suite d’un récent bombardement. Les défenses accessoires sont en grande partie manquantes, le fil de fer fait défaut et les sacs de terre sont vraiment insuffisants.

Le secteur occupé sera en perpétuel mouvement durant la courte vie de ce groupement. Chaque jour, il y aura des mouvements de rotation entre plusieurs compagnies des différents bataillons.

Pendant ce temps-là, du côté du 149e R.I….

Une corvée d’outils du 2e bataillon du 149e R.I., qui a été envoyée au fort de Souville dans la première partie de la nuit, est de retour. Les unités du bataillon complètent leur dotation en outils de parc. Les hommes du commandant Schalck vont devoir manier la pelle et la pioche durant de nombreuses heures. En effet, ceux-ci vont être à l’ouvrage toute la journée et une bonne partie de la nuit suivante. La besogne est particulièrement pénible, le climat est rude et le sol est dur. Les compagnies exécutent deux éléments de tranchées, le long de la lisière sud-est du bois Fumin et du bois de Vaux-Chapitre. Le premier, mesure 25 m, le second, 40 m. La profondeur creusée est de 0,60 à 0,70 cm.

Il y a maintenant dans ce secteur, sur une longueur totale d’environ 1100 m, 8 tranchées en forme de demi-redoute, séparées les unes des autres par des intervalles de 110 à 150 m, et qui se flanquent réciproquement. Les compagnies du bataillon Schalck doivent également participer à l’amélioration des abris qui sont déjà occupés.

Dans l’ensemble, la journée reste «  assez calme » autour du 2e bataillon. Le bombardement est considéré comme moyen, mais il n’affecte pratiquement pas sa zone de stationnement. Par contre, il y a un bombardement continu sur les deuxièmes lignes françaises et sur les arrières. Le secteur du fort de Souville est particulièrement touché par de nombreux tirs violents de la part de l’artillerie allemande.

Dans la soirée, les compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. se préparent à mettre le sac au dos. Elles doivent se mettre en mouvement pour relever le bataillon du commandant Schalck. Le 1er groupe, dit « groupement de Chomereau » qui est constitué des 1ère et 4e compagnies, et qui se trouve aux abris du bois des Hospices, doit se rendre sur ses nouveaux lieux dès la tombée de la nuit. Le second groupe, dit « groupement Toussaint » qui est composé des 2e et 3e compagnies et qui occupe toujours ses positions dans le secteur nord de la batterie de l’Hôpital, doit le rejoindre un peu plus tard.

Le commandant Magagnosc doit se rendre avant 20 h 00 au P.C. de la 85e Brigade pour recevoir les instructions relatives à sa nouvelle mission.

En fait, ce mouvement de rotation prévu entre les 1er et 2e bataillons du 149e R.I. n’est pas mis en application. Un changement d’ordre, concernant les déplacements du 149e R.I. pour la nuit du 13 au 14 mars 1916, est donné au tout dernier moment. Le 2e bataillon du régiment doit se rendre au tunnel de Tavannes pour se placer en réserve de la 43e D.I.. L’intégralité du 1er bataillon,dont certains éléments avaient commencé à faire mouvement, doit retourner aux abris du bois des Hospices. Le lieutenant-colonel Abbat envoie un agent de liaison au P.C. de la 43e D.I. au tunnel de Tavannes.

 Le 3e bataillon, qui se trouve toujours en réserve de 13e D.I. reste dans le secteur sud du fort de Souville. Les 3 compagnies du 20e B.C.P. qui sont en réserve avec lui sont remplacées par deux compagnies du 17e R.I..

 Sources :

 J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 53e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 511/2

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. de la 86e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/25.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les différents emplacements approximatifs des régiments et des bataillons des 13e, 27e et 43e D.I., provient du J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7.

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments, des bataillons et des compagnies,risque d’être assez importante. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par les régiments, bataillons et compagnies au cours de cette journée du 13 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Cesarini, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

21 octobre 2013

Marius Magagnosc (1864-1948).

Marius_Magagnosc

Marius Magagnosc voit le jour le 19 septembre 1864 à Cannes, la préfecture du département des Alpes-Maritimes. À sa naissance,  son père Mathieu, qui est âgé de 33 ans, exerce la profession de marin. Sa mère, Thérèse Marcelline Azémar, qui est âgée de 27 ans, ne travaille pas.

Ce jeune cannois de la classe 1884 opte pour une carrière militaire. Dès le lendemain de ses 18 ans, il se rend à la mairie d’Antibes pour signer un contrat de cinq ans avec l’armée. Ce jeune homme est affecté au  4e Régiment de Zouaves. Marius doit quitter le sol français pour rejoindre son unité qui se trouve sur le continent africain. 

Celui-ci fait un premier séjour en Tunisie de septembre 1882 à mars 1886. Il est successivement nommé caporal en septembre 1882, puis sergent en novembre 1883. Durant cette période le sergent Magagnosc exercera plusieurs fois la fonction de sergent-fourrier. Souhaitant devenir officier, il laisse derrière lui sa vie de soldat. Marius Magagnosc quitte le 4e Régiment de Zouaves pour suivre les cours de l’école militaire de Saint-Maixent. Il fait partie de la promotion 1886-1887 dite du « Fleuve rouge ». Tout juste nommé sous-lieutenant à la suite de cette formation, celui-ci doit rejoindre le 141e R.I. dans le courant du mois de mars 1887. Après avoir suivi les cours de l’école régionale de tir du camp du Ruchard, il intègre le 68e R.I. le 8 octobre 1887. 

Cet officier retrouve le 4e régiment de Zouaves et la Tunisie en avril 1890. Un an plus tard, il est nommé lieutenant. Son second séjour en Tunisie va durer 7 ans. 

Marius Magagnosc,qui vient d’être nommé capitaine,quitte définitivement la Tunisie en juillet 1897. Durant cette période, il bénéficie d’une permission qui lui permet de conduire sa future épouse, Marguerite Hennezel, à la mairie de Godoncourt, une petite commune qui se trouve dans le département des Vosges. Nous sommes le 2 août 1897.

Après son mariage, il doit rejoindre la ville algérienne de Constantine pour s’installer dans ses nouveaux quartiers au 3e Régiment de Zouaves. 

Le 8 février 1899, le capitaine Magagnosc est muté au 134e R.I. il traverse une dernière fois la Méditerranée pour rejoindre sa nouvelle affectation à Mâcon. Ce dernier va servir dans ce régiment pendant plus de 12 ans. En 1913, il dirige le service des écoles et la mutualité régimentaire. 

Promu dans le grade supérieur à l’ancienneté, le 23 septembre 1913, il fait ses adieux au 134e R.I avant de prendre ses nouvelles fonctions d’officier supérieur au 149e R.I..

Il commande le 2e bataillon du 149e R.I. lorsque le conflit éclate contre l’Allemagne. Le 9 août 1914, c’est le baptême du feu pour le régiment. Par deux fois, il est blessé au cours de cette journée dans le secteur du Signal de Sainte-Marie. Le jour même, il est évacué sur l’ambulance de Wisembach. Le surlendemain, Marius Magagnosc est à l’hôpital Saint-Jacques de Besançon, puis à l’hôpital militaire de Bourbonne-les-Bains où il va subir les derniers soins. Après une période de convalescence, le commandant Magagnosc retourne sur le front le 5 janvier 1915 pour retrouver le 149e R.I. qui est en Artois. 

Cet officier commande par intérim le régiment, pour la première fois du 8 au 13 janvier 1915. 

Il est de nouveau blessé au cours de l’attaque allemande du 3 mars 1915, dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette, puis évacué vers l’arrière dès le lendemain. 

Le 18 octobre 1915, il réintègre le 149e R.I. qui est toujours en Artois, pour prendre le commandement du 1er bataillon. 

Le commandant Magagnosc est une seconde fois à la tête du régiment du 7 au 17 avril 1916, puis une troisième fois au début du mois de septembre 1916 toujours par intérim. 

C’est lui qui va diriger l’attaque sur le village de Soyécourt. En effet, la fonction de chef de corps est laissée vacante depuis que le lieutenant-colonel Gothié est tombé aux mains de l’ennemi, lors d’une reconnaissance des premières lignes. Le nouveau responsable du régiment n’a pas encore été nommé et il faut absolument prendre ce village qui est aux mains des Allemands. 

Suite à ses blessures et aux dures fatigues endurées durant les longs mois de campagne, cet officier âgé de 52 ans, est affecté pour ordres au 21e R.I. , le 24 octobre 1916, puis désigné pour commander le dépôt divisionnaire de la 13e D.I. à compter du 10 novembre 1916. 

Le 30 mai 1917, il prend le commandement du centre d’instruction d’Aix-en-Provence qui dépend du 1er Régiment de Tirailleurs Algériens. Le 20 mars 1918, il a été admis à faire valoir ses droits à la retraite à titre d’ancienneté de services. Il est rayé des contrôles de l’armée active le 20 mars 1918, tout en restant maintenu au service comme officier de complément. 

Le commandant Magagnosc est démobilisé le 24 octobre 1919 par le dépôt de passage des Tirailleurs d’Aix-en-Provence. 

Marius Magagnosc décède dans son domicile de Koeur-la-Grande le 31 mars 1948.

Décorations :

Chevalier de la Légion d’honneur le 10 juillet 1899.

Officier de l’ordre de Nicham Iftikar  le 10 mars 1891. 

Une médaille d’honneur en bronze lui a été attribuée le 12 mai 1906 pour service rendu aux sociétés de secours mutuel. 

Le 12 juillet 1907, il reçoit une nouvelle médaille de bronze de la part du ministre du Travail et de la prévoyance sociale pour service rendu à la caisse mutuelle de retraite pour la vieillesse. 

Il est ensuite promu officier d’académie suite à un arrêté de l’instruction publique datant du 28 septembre 1907. 

Marius Magagnosc reçoit une médaille d’argent du ministre du travail et de la prévoyance sociale pour service rendu à la mutualité militaire à la date du 1er janvier 1910. 

Un diplôme d’honneur du ministre de l’instruction publique lui est décerné le 8 juillet 1909. 

Il est de nouveau récompensé avec une médaille en vermeil du ministre de l’instruction publique pour sa collaboration aux œuvres complémentaires de l’école. 

Officier de la Légion d’honneur le 18 mars 1915. (J.O. du 11 avril 1915)

« Officier supérieur d’une bravoure à toute épreuve. A été blessé pour la 3e fois depuis le début de la campagne dans la contre-attaque qu’il exécutait avec son bataillon le 4 mars 1915. 

Croix de guerre avec une palme et une étoile de bronze. 

Citation à l’ordre de l’armée n° 40 en date du 12 septembre 1914 :

« Pour son sang-froid et sa belle conduite sous le feu » 

Citation à l’ordre du 149e R.I.  n° 4 en date du 3 février 1918 :

« Officier supérieur d’une bravoure au-dessus de tout éloge ; s’est particulièrement distingué devant Verdun en mars et en avril 1916 en reprenant par de brillantes attaques une partie du village de Vaux-devant-Damloup, et sur la Somme où commandant le régiment, il a puissamment contribué aux beaux succès obtenus à Soyécourt en septembre 1916. » 

Références bibliographiques : 

Son dossier individuel a été consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

 Un grand merci à M. Bordes, à  A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

14 octobre 2013

12 mars 1916.

                   Village de Vaux-devant-Damloup

La situation dans le secteur reste difficile. La caractéristique principale étant que cette zone se trouve toujours en pleine période de combats. La ligne de front n’est toujours pas consolidée. Il est impossible de prévoir le moment où les travaux entrepris auront une réelle valeur défensive. Tout ce qui a été fait jusqu’à présent, du point de vue de l’organisation du secteur durant cette période de combats ininterrompus,reste forcément très incomplet et très fragile. 

Des troupes fraiches ont relevé une grande partie des unités de la 13e D.I.. La plupart des éléments de la 86e brigade sont en place dans l’ancien secteur de la 303e Brigade. 

Carte_journee_du_12_mars_1916_a1

Legende_carte_du_12_mars_1916

Une majorité des effectifs du 149e R.I. effectue d’importants déplacements depuis la veille au soir. Certaines compagnies du régiment réalisent des mouvements de rocade. Elles se retrouvent à nouveau à proximité de la première ligne. D’autres compagnies reçoivent l’ordre de se retirer plus en arrière. Celles-ci doivent constituer une réserve,qui doit se tenir prête à intervenir à tout moment,en cas d’attaque ennemie sur la première ligne. 

Le commandant de Marcillac du 149e R.I. est désigné pour prendre le commandement du  fort de Vaux. 

Les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. rejoignent leurs nouvelles positions. Très éprouvées par les combats des jours précédents,  elles s’établissent dans les abris du bois des Hospices. Quelques heures plus tard, la 1ère compagnie de mitrailleuses se rallie à elles. Les 2e et 3e compagnies sont toujours installées dans les retranchements situés au nord de la batterie de l’Hôpital. Elles sont soutenues par la 2e compagnie de mitrailleuses. 

Le 2e bataillon du 149e R.I. arrive sur son nouvel emplacement dans le bois Fumin à 4 h 30. Le commandant Schalck remet un ordre écrit au colonel Rondeau, responsable de la 86e brigade. Cet ordre stipule que le bataillon du 149e R.I. doit se tenir prêt à contre-attaquer dans la région du village de Vaux-devant-Damloup et du fort de Vaux. Le colonel Rondeau écrit aussitôt au général commandant la 43e D.I.. Il demande le retrait du 2e bataillon du 149e R.I. de son secteur, ou, tout au moins, que celui-ci ne s'installe pas dans les abris  près de son P.C.. En effet, il évoque le fait que ce bataillon dépend de la 85e brigade et non de la sienne. Cette contre-attaque aurait donc lieu en dehors de ses ordres. Le responsable de la 86e brigade souhaite, en échange du 2e bataillon du 149e R.I., la présence du  1er B.C.P.. 

À 20 h 30, le commandant Schalck reçoit un nouvel ordre de la 13e D.I.. Ses hommes doivent entreprendre des travaux dans le secteur situé à la lisière sud-est du bois Fumin et du bois de Vaux-Chapitre. L’organisation de ce secteur doit commencer dans la nuit du 12 au 13 mars. 

Il est tenu de faire creuser des éléments de tranchées qui recevront des sections et des demi-sections séparées par des intervalles de 150 m à 200 m  tout en ayant soin d’assurer le flanquement des intervalles. 

Le colonel Rondeau a divisé son secteur en 3 groupements. Le premier, commandé par le colonel Garcin, est constitué avec les 1er et 3e bataillons du 158e R.I.. Il occupe le secteur depuis la limite nord jusqu’au chemin du fort de Souville au cimetière de Vaux. Le second, qui se trouve au centre du dispositif, est sous les ordres du commandant Tournaize. Il est constitué du 3e B.C.P. et de deux compagnies du 77e R.I.T.. Le troisième, sous l’autorité du commandant Collet, est composé du 31e B.C.P. et du 2e bataillon du 158e R.I.. Il occupe le terrain entre le chemin qui suit la ligne de faîte de la croupe est du fort de Vaux et le village de Damloup. 

Le 3e bataillon du 149e R.I. quitte le village de Fleury-devant-Douaumont. Depuis 3 h 00, deux de ses compagnies bivouaquent dans le bois de Belleville, les deux autres sont installées dans le fort de Souville. 

Sources : 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. de la 86e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 75e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 661/5.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/25. 

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

La photographie intitulée « Tranchée avoisinant la redoute du fort de Vaux », est extraite de l’historique du 149e R.I., Épinal. Imprimerie Klein (version luxe).

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les différents déplacements approximatifs des bataillons du 149e R.I.,  provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

La carte dessinée du secteur de Verdun, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions et les déplacements des bataillons du 149e R.I. risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des mouvements des bataillons au cours de cette journée du 12 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

7 octobre 2013

11 mars 1916.

Village_Fleury_devant_Douaumont

Les combats particulièrement violents des journées précédentes ont épuisé et fortement réduit les effectifs des troupes qui se trouvent sur la ligne de front. Même le 149e, dont la majorité des effectifs est en réserve, est touché par les bombardements. Tout particulièrement les compagnies qui sont au contact avec l'ennemi à Vaux-devant-Damloup. 

Les opérations de relève et de remise en ordre des unités, commencé la veille, se poursuivent. Il faut relever toutes les troupes exténuées qui se trouvent en première ligne dans le secteur de la 13e D.I.. Cela aboutit à de nouveaux mouvements pour certaines compagnies du 149e RI. 

Situation au sud et au sud-est du fort de Douaumont  

Du côté de la 25e Brigade :

Dans la soirée, la 19e compagnie du 201e R.I. relève une des compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. qui se trouve à proximité de la ligne de front.  Les 13e et  14e compagnies du 201e R.I. rejoignent les positions occupées par une seconde compagnie du 149e R.I. et par une des compagnies du 20e B.C.P. proche de celle-ci.  Ces mouvements de relève ont été organisés après entente avec le colonel du 201e R.I. à la suite des ordres donnés par le colonel Leboucq qui commande la 77e Brigade. Les deux compagnies du 149e R.I. du commandant de Witchowski regagnent le village de Fleury-devant-Douaumont, le 3e bataillon du régiment est reconstitué. 

Carte_journee_du_11_mars_1916_11

Legende_carte_journee_du_11_mars_1916_1

De la 25e brigade, il ne reste plus en première ligne que quelques compagnies du 20e B.C.P. qui occupent toujours le même secteur, mais qui vient d’être réduit. Ce bataillon doit se maintenir en place et assurer, pendant encore vingt-quatre heures, la soudure avec le 75e R.I. qui vient d’arriver et la droite du 201e R.I. 

Du côté de la 26e Brigade : 

La journée reste assez calme dans ce secteur. Il faut tout de même signaler un bombardement allemand important avec des obus de gros calibre sur les tranchées occupées par le 21e R.I.. La relève du 109e R.I. est assuré par le 140e R.I., le 21e R.I. quant à lui, restesur ses positions.  

Situation à l’ouest et au coeur du village de Vaux-devant-Damloup 

Du côté de la 43e D.I. : 

Carte_2_journees_des_11_et_12_mars_1916

Legende_carte_soiree_du_11_mars_1916

Tous les éléments de la 303e brigade sont maintenant relevés par ceux de la 86e brigade. 

À Vaux-devant-Damloup, vers 7 h 00, le responsable de la 85e brigade reçoit un message du commandant Magagnosc daté de la veille, sans aucune indication de l’heure. 

« Je suis avec les 1ère et 4e compagnies de mon bataillon, au sud de Vaux, me reliant à gauche avec le 1er bataillon du 158e R.I. et non avec le 21e R.I., qui doit se trouver plus à gauche, et à droite avec un bataillon du 408e R.I., sur le plateau du fort de Vaux.

Je désirerais savoir où se trouve la réserve de la 85e Brigade. Nous sommes maîtres de la moitié environ du village de Vaux.

Je me fortifie : tranchées, barricades, boyaux, etc.… Nous sommes constamment sous la menace des attaques des Allemands. Bombardements des plus intenses, hier et surtout aujourd’hui, du plateau et des ouvrages de Vaux. Le village n’a reçu que très peu d’obus. J’ai, sous mes ordres, en plus de mon bataillon, un bataillon du 408e R.I. de 500 hommes et la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I.. Cela  me permet de remplir la mission que j’ai reçue.

L’effectif de mes deux  compagnies ne me suffirait pas pour cette tâche difficile. Sur quels renforts puis-je compter en cas de nécessité ?

Ce soir, vers 18 h 00,  les Allemands ont prononcé une forte attaque qui dure encore sur le fort et principalement au sud du fort de Vaux.

Je désirerais savoir quand et comment mes deux compagnies seront ravitaillées. J’ai besoin de matériel : grenades, fusées, fil de fer, cartouches. Où pourrais-je me les procurer ?  Il n’y a rien ici. » 

Tôt dans la matinée, Les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. sont relevées par des éléments du 3e bataillon du 158e R.I.. Les deux compagnies du commandant Magagnosc doivent attendre la tombée de la nuit pour quitter le village de Vaux-devant-Damloup. Elles arriveront dans le bois des Hospices le lendemain. 

Le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André raconte cette relève : 

« À la nuit… les deux compagnies, derrière moi, partent, colonne par un, emmenant les nombreux blessés… Nous atteignons par la Chapelle Sainte-Fine, le chemin Fleury, le fort de Souville, le fort de Tavannes, le bois des Hospices. » 

Deux bataillons du 158e R.I. sont maintenant installés dans les ruines du  village de Vaux-devant-Damloup. Le 21e R.I. est à sa gauche et le 31e B.C.P. à sa droite avec pour mission de tenir les avancées du fort de Vaux. 

Les mouvements du 149e R.I. le soir du 11 mars : 

Positions_approximatives_du_149e_R

Legende_carte_de_la_journee_du_11_mars_1916_3

Pour le 1er bataillon, comme nous l’avons vu, les 1ère et 4e compagnies vont quitter le village de Vaux-devant-Damloup à la tombée de la nuit. Les deux autres compagnies du bataillon sont positionnées dans les retranchements situés au nord de la batterie de l’Hôpital à 3 h 00. 

Le 2e bataillon du 149e R.I. est remis à la disposition du général Guillemot. Le bataillon du commandant Schalck, qui vient de quitter ses positions dans le secteur du bois de la Caillette, se trouve maintenant en réserve de la 13e D.I. au sud-ouest du fort de Souville. Ce bataillon aura pour mission, en cas de problème majeur, d’assurer une liaison étroite avec la gauche de la 43e D.I..

Le responsable de ce bataillon devra, dès qu’il aura reçu son ordre, donner à ses unités un avis préparatoire d’alerte afin qu’elles puissent se mettre en mouvement le plus rapidement possible.

Le 2e bataillon du 149e R.I. se prépare à changer de position pour aller remplacer le 3e B.C.P.. Il aura pour mission de contre-attaquer sur le front situé entre le village de Vaux-devant-Damloup et le fort de Vaux en cas de rupture du front dans ce secteur. 

 Le 3e bataillon est sur le point de quitter Fleury-devant-Douaumont. Il vient de recevoir l’ordre d’aller occuper les pentes sud-sud-ouest à 800 m du fort de Souville, en remplacement du 2e bataillon du 149e R.I.. Dès son arrivée, le commandant de Witkowski détache deux sous-officiers de liaison au P.C. du général commandant la 13e D.I..

L’état-major, les musiciens, les pionniers et la compagnie de mitrailleuses de brigade sont aux bivouacs du bois des Hospices. Le P.C. du régiment, lui,  se trouve à 800 m au nord de la ferme de Bellevue. Vers 20 h 30 les pionniers du 149e R.I. sont chargés de la construction d’un boyau traversant la crête de Souville. 

 Tard dans la nuit le lieutenant-colonel Abbat rédige le message suivant qui est destiné au général commandant la 85e Brigade. Il nous montre que, loin de se résumer à des hommes en première ligne, la bataille de Verdun est aussi une question de logistique. 

«  Je crois devoir vous signaler l’encombrement prodigieux qui règne la nuit sur la route qui mène de la ferme de Bellevue aux forts de Tavannes, de Souville, etc. cet encombrement provenant de l’accumulation de voitures de ravitaillement en munitions, d’automobiles sanitaires, de cuisines roulantes, etc.…

Il me semble que les cuisines roulantes ne devraient pas dépasser le Cabaret, où elles seraient rangées en dehors de la route et d’où les cuisiniers porteraient les vivres à leurs unités, soit en utilisant les bas-côtés des routes, soit en utilisant d’autres cheminements. 

Les vivres arriveront certainement plus vite qu’en laissant les cuisines roulantes stationner plus ou moins longtemps suivant la durée des encombrements.

C’est, du reste, cette mesure que j’ai prescrite pour mon régiment. Je signale en outre, le nombre considérable d’hommes de tous les corps, qui, de l’avant à l’arrière, se portent au-devant des cuisines. La plupart de ces gens sont sans arme et pourraient devenir un danger pour la discipline en cas de crise.

Des gendarmes devraient être échelonnés le long des routes pour assurer d’abord la police de la circulation des véhicules et aussi pour arrêter, s’il y a lieu, tous ceux qui se rendent soi-disant au-devant des ravitaillements en vivres. » 

Ce message a été transmis au Général commandant la 43e D.I., il donne la réponse suivante : 

« L’encombrement est certain. Arrêter toutes les cuisines roulantes au Cabaret semble une solution trop radicale. Nous pourrions fixer, tout au long de la route, des zones de stationnement limitées par des pancartes que les cuisines roulantes ne devraient pas dépasser. Ces points d’arrêt de têtes de colonnes, de cuisines roulantes ou de voitures de munitions seraient placés suivant l’éloignement des corps, ceux de première ligne d’abord plus ceux du secteur de Douaumont en tête. En tout état de cause, il ne faudrait pas dépasser la ferme de Bellevue pour les cuisines roulantes. Enfin, des postes de police seraient à installer au carrefour de la route du fort de Tavannes, au H du bois des Hospices sur la carte au 20000e, à Bellevue, au carrefour du chemin du champ de tir et à Cabaret Ferme. Pour la  réglementation de la circulation des voitures et la police, du champ de bataille à la ferme Bellevue incluse, ce service serait avantageusement assuré par des gradés territoriaux énergiques. » 

Toutefois, dans l'urgence qui est de faire face aux coups de boutoirs allemands, les questions de logistiques restent au second plan, car il faut tenir. Au 149e R.I., le 12 va être marqué par de nouveaux mouvements qui vont rapprocher un de ses bataillons de la première ligne... 

Sources : 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. de la 86e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 94e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 670/10.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

J.M.O. du 201e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 711/4.

J.M.O. du 408e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/2.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 21e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/7.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/25. 

Témoignage inédit du général Gaston de Chomereau de Saint-André. 

Historique du 75e R.I. pendant la guerre 1914-1918. Imprimerie Berger-Levrault. Nancy-Parie-Strazbourg. 

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation des cartes donnant les différents emplacements approximatifs des régiments et bataillons des divisions provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments, des  bataillons et des compagnies risque d’être assez importante. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par les régiments, bataillons et compagnies au cours de cette journée du 11 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Cesarini,  à T. de Chomereau, à R. Neef, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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