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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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29 juillet 2013

Du 1er au 5 mars 1916.

                  Seigneulles

1er mars 1916

Les hommes du 149e R.I. embarquent dans les camions pour prendre la direction de Verdun. Ils quittent la commune de Fains à 9 h 00. Les bataillons du régiment suivent l’itinéraire suivant : Fains-Venise-Chardogne-Hargeville-Seigneulles.

                  De_Fains_V_el_a_Seigneulles 

Dans un premier temps, le 149e R.I. s’installe dans la petite commune meusienne de Seigneulles. 

                 Tableau_prise_d_armes_du_1er_mars_1916

Les  unités des brigades de la 43e D.I. stationnent dans les communes suivantes : 

85e brigade :

Le 3B.C.P. est sur la commune de  Marats-la-Grande.

Le 10e B.C.P. est sur la commune d’Hargeville.

Le 149e R.I. est sur la commune de Seigneulles. 

86e brigade :

Le 1er B.C.P. est à Génicourt-sous-Condé.

Le 31e B.C.P. est à Louppy-le-Petit

Le 158e R.I. est à Condé-en-Barrois. 

                  Seigneulles 85e brigade

2 mars 1916

Les lieux de stationnements pour les hommes de la 43e D.I. restent identiques à la veille. 

À partir de maintenant, pour mieux comprendre les déplacements des bataillons du 149e R.I., il nous faut suivre les différents mouvements des brigades de la  13e D.I..  

La 13e D.I. entre en action dans un secteur en pleine crise, au lendemain des combats soutenus par le 20e C.A. autour du fort de Douaumont. L’ennemi a pris pied dans le fort dans la journée du 25 février, d’où il n’a pas pu être délogé. Les principales positions de résistance de la rive droite de la Meuse (position du bois des Caures, position de Beaumont, positions de Bezonvaux-Louvemont) ont été perdues et la position côte du Poivre, fort de Douaumont, fort de Vaux est très sérieusement entamée par l’établissement de l’ennemi dans le fort de Douaumont. Celui-ci domine par sa masse l’ensemble du secteur. Un vallonnement profond, qui part de sa corne sud-est et descend vers l’étang de Vaux, abrite le gros des unités de première ligne allemandes, faisant face à la 26e brigade déployée près  de l’étang et dans le bois de la Caillette.

Le fort de Souville, bien que violemment bombardé depuis le 21 février, est resté intact. Sa tourelle,  équipée de deux 155 L, fonctionne toujours. Il est occupé et en cours de réapprovisionnement conformément aux ordres donnés par le général Pétain. Le commandant Courteilles du 143e R.I.T., est nommé commandant de fort. 

3 mars 1916  

Dans l’après-midi  du 3 mars 1916, la 13e D.I., la division sœur de la 43e D.I. avec qui elle forme le 21e C.A., cantonne autour de Vaubécourt. Celle-ci est mise à la disposition du général Balfourier, l’officier responsable du  20e C.A.. Ce dernier occupe avec son corps d’armée le secteur de Souville-Douaumont. 

En fin d'après-midi, les différentes unités de la 13e D.I sont, en camions, transportées jusqu’à Regret. 

4 mars 1916  

Dans la nuit du 3 au 4 mars, la 13e division bivouaque dans la zone d’Haudainville. Pendant que les troupes s’installent, les responsables de la division partent faire les reconnaissances nécessaires au bon fonctionnement de la future relève, dans le secteur occupé par la 153e D.I. du général Deligny. La 13e D.I. doit relever cette dernière entre le  4 et le 7 mars 1916, sur le front situé entre l’ouest du village de Vaux-devant-Damloup et à 1000 m à l’ouest du village de Douaumont. 

5 mars 1916 

                  Carte_Verdun_num_ro_1

                                      Legende_carte_Verdun_1

La 26e brigade du colonel Schmidt entre en ligne dans la nuit du 4 au 5 mars. Le 21e R.I. du lieutenant-colonel Lecoanet est à l’est, aux abords immédiats de Vaux-devant-Damloup, avec deux bataillons en première ligne et un bataillon en soutien.

Le 109e R.I. du lieutenant-colonel de Roincé quant à lui se positionne à l’ouest, dans les bois de la Caillette, avec six compagnies en première ligne et six compagnies en soutien. À partir du 5 mars au matin, le P.C. de la brigade est à la caverne de Souville (500 m à l’est du fort de Souville). 

Dans la soirée du 5 mars, le général Martin de Bouillon, responsable de la 13e D.I. prend contact, avec le général Deligny qui se trouve à la caverne de Souville située à 500 m du fort. Ce dernier va conserver le commandement du secteur jusqu’au matin du 8 mars. 

La 25e brigade du général Menvielle monte dans le secteur. Dans la nuit du 5 au 6 mars, le 17e R.I. du lieutenant-colonel Mareschal va s’installer sur les pentes sud-ouest du fort de Douaumont. 

Sources : 

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 120e D.I.. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Google Earth. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les différents emplacements approximatifs de la première ligne française, provient du  J.M.O. du 407e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 767/10.

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. des 13 et 120e D.I.. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments risque d’être assez importante. Cette carte n’est  donc là que pour se faire une idée approximative des positions occupées par les 13e et 120e D.I..

Legende_photographie_SeigneullesLa légende de la photographie qui provient de la collection personnelle de T. de Chomereau a été réalisée le 1er mars 1916 dans la commune Seigneulles. Plusieurs officiers du 149e R.I. sont clairement identifiés.

De gauche à droite : sous-lieutenant Brosse, lieutenant Canon, Commandant de Chomereau de Saint-André, nom illisible, sous-lieutenant Gaudin, nom illisible et Ferry. 

Pour en savoir plus :

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau,  à P. Lehue, à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

23 juillet 2013

Émile Louis Abbat (1867-1916).

                  Emile_Louis_Abbat

Émile Louis voit le jour le 26 octobre 1867 dans la ville de Bourges, la préfecture du Cher. Son père, Alphonse est un négociant âgé de 29 ans, sa mère, Valentine Bidault, est âgée de 21 ans. Le jeune Émile est élève au lycée de Bourges, il n’ira pas jusqu’au baccalauréat. 

Émile signe un engagement conditionnel d’une durée d’un an avec l’armée en novembre 1885. Il rejoint le 134e R.I. comme simple soldat. Nommé caporal à la fin du mois de juin 1886, il contracte un nouvel engagement pour terminer son temps de disponibilité dans l’armée active. Il reste un peu plus de 4 ans dans ce régiment où il est successivement nommé sergent-fourrier en décembre 1886,  sergent en août 1887, sergent-fourrier en janvier 1888 puis sergent-major en septembre 1888. 

 Devenir officier et faire carrière  

Souhaitant poursuivre une carrière dans l’armée, il signe un engagement long de cinq ans, en juin 1889. Émile Louis est admis à l’école de Saint-Maixent. Il doit recoudre ses galons de sergent pour suivre sa formation en intégrant la promotion du Soudan.  À la fin de ses études, il quitte l’École Militaire d’Infanterie en avril 1891 avec le grade de sous-lieutenant. 

Ce jeune officier intègre aussitôt le 89e R.I. de Sens où il fait ses débuts dans le commandement en prenant la tête d’une section de compagnie. Un an plus tard, jour pour jour, il est nommé lieutenant. 

Le 15 février 1894, cet homme est désigné par une décision ministérielle qui le met à la disposition du sous-secrétaire d’État aux colonies. Il est employé par l’état-.major du Soudan français. Le lieutenant Abbat quitte le 89e R.I. pour rejoindre son nouveau poste, le 2 mars 1894. 

Au Soudan  

Émile Louis Abbat va participer à deux affaires importantes sur le territoire soudanais. La première, celle de Boscé, se déroule le 1er juillet 1894, la seconde, le 20 janvier 1896 à Zidéïa. Au cours de la première affaire, il est avec le 1er Régiment Étranger (3 témoins de ce régiment confirment ses deux blessures). Il est blessé une première fois à la tête par une flèche en début de matinée. Le même jour, en fin d’après midi, il reçoit une seconde flèche dans la cheville droite durant l’attaque dite du tata del l’Almamy.

Le 8 juillet de la même année, c’est le retour dans la métropole où il réintègre le 89e R.I. son régiment d’affectation. 

De nouveau, il est mis hors cadre suite à une décision ministérielle prise en octobre 1894. Celle-ci prend effet à compter du 15 septembre 1896. Le lieutenant Abbat traverse à nouveau la Méditerranée. Il entre en campagne au Soudan du 20 octobre 1896 au 8 juillet 1898. 

Durant cette période, il participe aux affaires de Karemanguel le 22 janvier 1897, de Simbara-Boumba le 24 janvier 1897 et de Jaba le 10 février 1897. 

Poursuite de sa carrière en France 

Le lieutenant Abbat est de retour en France en juillet 1898. En septembre 1898, il retrouve le 89e R.I., son ancienne unité à laquelle il est toujours rattaché. Nommé dans le grade supérieur à la fin du mois de décembre 1899, cet homme doit rejoindre le 153e R.I. de Toul. 

Le 11 février 1901, il épouse Marie Charlotte Oster à Neufchâteau. De cette union naîtront 5 enfants. 

 Durant son passage au 153e R.I. d’une durée de quatre années, le capitaine Abbat va séjourner du mois octobre 1901 au mois de décembre 1904, au fort de Frouard. 

En 1905, Émile Louis Abbat rejoint la Lorraine  pour s’installer dans la ville de Nancy au 79e R.I..

Il commence un stage au 8e Régiment d’Artillerie à partir du 1er janvier 1909. Durant cette période,  il va exercer le commandement de la 3e batterie. 

Cet officier retourne au 79e R.I. après cette formation qui prend fin le 30 septembre 1909. 

Nommé commandant le 24 juin 1910, il quitte la ville de Nancy pour rejoindre son nouveau régiment et assurer sa mission de responsabilité, comme chef de bataillon au 133e R.I de Belley. Ce dernier est détaché au fort de  Pierre Châtel pour commander le bataillon qui s’y trouve du 18 septembre 1910 au 20 septembre 1912. 

Le retour en Afrique 

Le 24 octobre 1912, il est de retour en Afrique, cette fois-ci en Tunisie. Il est muté au 5e bataillon d’Afrique qui se trouve au Kef. Ce bataillon a également des détachements qui se trouvent à Souk el Arba, à  Aïn Draham et à Tabarka. 

En mai 1914, le 5e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique passe sous l’autorité du général de la 2e brigade de Tunisie. Au début du conflit contre l’Allemagne, une partie de ce bataillon est associé avec des unités du 4e bataillon d’Afrique pour construire le 3e bataillon de Marche d’Infanterie légère d’Afrique. Ce nouveau bataillon débarque à Marseille le 31 octobre 1914.

Le commandant Abbat ne fait pas partie de l’effectif de l’unité nouvellement constituée. Il reste avec les éléments du 5e bataillon qui sont toujours sur le sol tunisien.

Il quitte le territoire africain au début du mois de novembre 1915. 

Sur le front 

Le 29 novembre 1915, il rejoint le 17e R.I. qui se trouve en Artois. Pendant une courte période, Émile Louis Abbat assure le commandement du régiment durant l’absence de son chef de corps. 

Une demande écrite est adressée au général de brigade Guillemot pour une proposition de commandement d’un régiment. Au vu de cette candidature, le général responsable de la 85e brigade ne peut pas évaluer les compétences réelles de cet officier. Celui-ci n’a pas pu être noté du point de vue de son aptitude à commander un régiment dans une circonstance de guerre. En effet, le commandant Abbat n’a pas acquis d’expérience au cours des combats sur le front français. Il va tout de même lui faire confiance en lui donnant le commandement provisoire du 149e R.I.. 

À la fin du mois de janvier 1916, Émile Louis Abbat prend la tête du 149e R.I.. Le commandement de ce régiment était resté vacant depuis la blessure du lieutenant-colonel Gothié au début de l’année 1916. 

Le régiment spinalien est engagé dans les combats de Verdun au début du mois de mars 1916. Nommé lieutenant-colonel à titre temporaire le 14 mars 1916, ce chef de corps va montrer toutes ses capacités de commandant de régiment. 

Cet officier est blessé le 6 avril 1916 par éclat d’obus à la sortie ouest du tunnel de Tavannes. Il est  ramené vers l'arrière dans la nuit du 7 au 8 avril, puis évacué sur la ville de Lyon, où il est pris en charge par les médecins de l’hôpital militaire de Desgenettes. 

Après cette hospitalisation qui prend fin le 4 mai 1916, il quitte Lyon pour rejoindre le dépôt d’Épinal. Émile Louis Abbat doit à nouveau recevoir des soins, il réintègre l’hôpital militaire Desgenettes pour y faire un second séjour qui durera du 20 mai au 12 juin 1916. 

Commence alors un imbroglio administratif quant à son affectation. Le 18 mai 1916, son nom figure dans les contrôles du 55e R.I.. Mais le 2 juin 1916, le lieutenant-colonel Abbat est désigné pour commander le groupement des bataillons de marche d’infanterie légère d’Afrique, dès qu’il sera disponible. Il obtient le grade de lieutenant-colonel à titre définitif à la date du 24 juin 1916. De retour sur le front, il rejoint sa nouvelle affectation. 

Émile Louis Abbat est tué le 8 juillet 1916 au cours d’une attaque menée par le 1er Bataillon d’Infanterie légère d’Afrique, dans le secteur de Maurepas à l’âge de 48 ans. Il est, dans un premier temps, inhumé dans le secteur du ravin du bois vert près de Rancourt par les soins du major Capdevielle, le médecin-chef de l’ambulance 3/45. Cet officier supérieur repose actuellement dans le cimetière national français « la cote 80 » à Etinehem qui se trouve dans le département de la Somme. Sa sépulture porte le numéro 404. 

                  Emile_ABBAT_2    

Une enquête est menée après guerre pour déterminer quelle était son unité d’affectation au moment de son décès : 55e R.I. pour le chef de corps du 55e R.I., 1e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique  pour les rédacteurs de sa fiche M.D.H.. 

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur le 28 décembre 1897.

Médaille coloniale avec agrafe « Sénégal et Soudan » obtenue le 28 décembre 1897.

Chevalier de l’ordre de l’Étoile noire de Porto Novo décernée le 10 janvier 1900.

Officier de la Légion d’honneur (J.O. du 4 mai 1916).

Croix de guerre avec une palme. 

Citation à l’ordre de l’armée :

« Chef de corps d’une bravoure exemplaire, ayant toujours montré un mépris absolu du danger. S’est porté sur le toit de son observatoire au moment de l’assaut sous un bombardement intense  afin d’encourager ses hommes. Est tombé glorieusement frappé en voyant partir la première vague d’assaut. » 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

Le portrait du lieutenant-colonel Émile Louis Abbat provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l’illustration ». 

Les photographies de la sépulture du lieutenant-colonel Abbat et du cimetière national français « la cote 80 » à Etinehem  ont été réalisées par J.M. Douay. 

Pour en savoir plus : 

Le lieutenant-colonel Émile Abbat possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter en cliquant une fois sur l'image suivante : 

Site_base_Leonore

Il existe également un site concernant cet officier qui peut se voir ici : 

Fonds_Emile_Louis_Abbat

Un grand merci à C. Abbat, à M. Bordes, S. Agosto, à A. Carobbi, à J. Huret, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

15 juillet 2013

Préparatifs et arrivée du 149e R.I. dans le secteur de Verdun.

                  Saint_Riquier__Somme_

 La 43e D.I. est installée dans le secteur du camp de Saint-Riquier depuis le 2 février 1916.

Durant cette période, le 149e R.I. cantonne sur les communes de Saint-Riquier, de Neuf-Moulin et de Caours.

Le régiment et les autres unités de la division sont en train de se mettre en état pour être de nouveau opérationnels. Tout au long des deux premières décades de ce mois le plus court de l’année, les manœuvres et les formations diverses sont à l’ordre du jour. 

                  Saint_Riquier_fevrier_1916

                                     Legende_Saint_Riquier

Dans la matinée du 19, la 85e brigade doit se mettre en mouvement par voie de terre. 

Ses éléments se dirigent et s’installent dans les communes suivantes : 

Le 3e B.C.P. est à Gueschart.

 Le 10e B.C.P. est  à Tollent et à Bas-Tollent.

Le 149e R.I. est au Boisle, à Labroye et à Boufflers. 

                  De_Saint_Riquier___Boufflers          

Au moment où les Allemands déclenchent leur offensive sur Verdun, une attaque de grande envergure qui a débuté le 21 février 1916, le 149e R.I. et les bataillons de chasseurs de la 85e brigade cantonnent toujours dans ce secteur. Ils se consacrent essentiellement à l’instruction individuelle et à la formation des petites unités depuis le 20 février. 

                 Du_cote_d_Auxi_le_Ch_teau

Cet entraînement s’achève dans la journée du 25. Le lendemain,  les hommes de la 85e brigade sont de nouveau sur le départ. Ils embarquent à la gare d’Auxi-le-Château pour débarquer à l’ouest de Bar-le-Duc sur les quais des gares de  Mussey, de Revigny et de Saint-Eulien, des communes qui sont situées dans le département de la Marne. Le 149e R.I. arrive à la gare de Saint-Eulien le 26 à 20 h 00. 

                  Gare_Saint_Eulien

Les derniers éléments de la 43e D.I. parviennent dans le secteur le 29 février. Toutes les unités se rassemblent dans la soirée pour aller cantonner dans la zone de Fains, de Combles, de Behonne et de Varney. Le 149e R.I. s’installe sur la commune de Fains. 

                 Autour_de_Bar_le_Duc

Durant cette période, le 20e C.A. résiste toujours aux multiples attaques menées par les Allemands dans le secteur de Verdun. Le fort de Douaumont est tombé aux mains de l’ennemi depuis le 25 février. La situation est devenue critique pour les Français puisque la prise du fort de Douaumont fragilise fortement les environs du fort de Vaux. 

 Il faut envoyer de toute urgence de nouvelles divisions dans cette partie du territoire meusien. La 43e D.I. est du nombre. 

Le lieutenant-colonel Abbat, promu à la tête du 149e R.I. depuis le 15 janvier, et ses hommes, vont se trouver plongés au cœur de la bataille de Verdun durant une courte période qui s’échelonne entre le 7 mars et le 7 avril 1916. 

Malgré des offensives répétées, menées avec de gros moyens, le secteur du fort de Vaux et de ses avancées résiste. Les troupes françaises qui sont en première ligne depuis plusieurs jours ont besoin d’être relevées. C’est là que, par deux fois, les 9-10 mars et le 2 avril 1916, le 1er bataillon du 149e R.I. va se distinguer, il reprend et essaye de conserver le village de Vaux-devant-Damloup. 

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

Google earth. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

9 juillet 2013

Témoignage de Louis Cretin : une histoire de drapeau bien incroyable !

                 149eme_R

De nouveau un grand merci à D. Browarsky et à T. Cornet qui me permettent  de retranscrire sur ce blog la suite du témoignage de Louis Cretin qui était à la C.H.R. du 149e R.I. en août 1914.  

Voici ce que j’apprends au poste de secours :

Je venais de descendre un blessé, quand se présente pour se faire panser mon cousin, Paul Cretin de la 5e compagnie, originaire de Bois-d’Amont dans le Jura. Blessé à la main, je lui demande : « comment as-tu été touché ? » Il me répond : « Par un coup de sabre ». Devant mon étonnement, voici le récit qu’il me fait. « Depuis un moment, j’avais repéré le drapeau allemand et quand vint leur contre-attaque, je me suis glissé d’arbres en arbres, jusqu’à m’approcher d’une vingtaine de mètres du porte-drapeau. Au moment de leur repli, se trouvant en retard, je me dis que c’était le moment. Je jette mon fusil et bondis dessus pour lui faire lâcher prise. Mais l’Allemand n’avait pas perdu son sang-froid. D’un coup de sabre, il me frappe sur la main. » Je lui dis « Tu n’avais pas réfléchi que tu risquais de te faire descendre presque sûrement, étant sans arme ? », il me répond : « J’avais entendu dire qu’il y avait une prime de 10000 francs pour le premier drapeau pris à l’ennemi. Alors, je n’avais pas de trop de mes deux mains. » J’ignore, où, comment et de qui il tenait ce renseignement (auquel je n’ai pas ajouté «foi»), et si cela était le vrai motif de sa conduite. N’empêche qu’il me dit avant me quitter : « J’aurais tout de même bien aimé l’avoir ! »

Une promesse plus connue était celle qu’avait faite le commandant de Sury-d’Aspremont du 1er bataillon à ses hommes. Sa famille était alsacienne, des environs de Sélestat. Il avait promis que le jour où nous cantonnerions chez lui, il nous offrirait une « noce carabinée ». Hélas, il fut tué ce jour-là en chargeant à la tête de son bataillon.

Ne pouvant déloger les Allemands de leur position, nous recevons l’ordre de nous maintenir sur place. Sur les deux ailes, les autres corps progressent, automatiquement, cette position devait tomber. Des abris individuels commencent à se creuser. Des sapins abattus marquent l’emplacement de nos lignes. Pour la première rencontre, cela pouvait compter. La journée du 10 août se passe sans apporter de modification. Ce fut plus calme, la fièvre était tombée. Le 11, des canons de 65 de montagne (artillerie alpine à dos de mulets) commencent à envoyer des obus sur les lignes allemandes. Des 77 répondent, c’est l’étonnement et la surprise aux premiers coups de fusants qui éclatent sur nos têtes. Ce jour-là, je pars transporter les blessés du 3e bataillon, celui qui se trouvait à droite du col et qui n’avait pas trop souffert. L’hôtel qui est au sommet est dévasté et pillé. Nous ramenons les blessés à Wisembach. Le 12 août, le régiment est relevé et vient cantonner à Colroy-la-Grande, puis le 13, à Provenchères. Nous recevons des renforts pour remplacer les 800 hommes mis hors de combat à notre baptême du feu.

Mes premières impressions sur ces journées de combat sont plutôt lugubres. Du sang et toujours du sang, des blessés, parfois horribles à voir, des cris de souffrances, des appels et des commandements, des hommes frappés à la poitrine où à la tête tombant en criant « mon Dieu » ou bien « maman ». Nous nous précipitons pour les relever, mais surprise douloureuse, les soins sont inutiles. Le cœur avait cessé de battre. Les mains ensanglantées, nous frissonnions au contact de ces corps encore chauds pendant que les balles continuaient leur musique affolante. Elles semblaient nous dire : « Tu vois, ce n’est pas si difficile que cela de mourir. C’est toi que je veux à présent, et c’est ton tour maintenant… »

Vraiment, c’est affreux la guerre. Ce n’était pourtant que le début, par la suite, nous devions nous retrouver dans des situations bien plus atroces et voir plus terribles encore. On s’habitue à tout ! 

Référence bibliographique :

Témoignage de Louis Cretin. 

La photographie de groupe du 149e R.I. est antérieure à août 1914.

Un grand merci à M. Bordes,  à D. Browarsky, à T. Cornet et à L. Rico.

2 juillet 2013

Témoignage de Louis Cretin : premiers coups de feu.

                  Louis_Cretin_Wisembach

Tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet qui me permettent  de retranscrire sur ce blog le passage suivant du témoignage de Louis Cretin qui a été à la C.H.R. du 149e R.I. du début à la fin du conflit.

 Le 21 juillet 1914, le 149e R.I. quitte Épinal, sa ville de garnison pour aller faire ses feux de guerre au camp du Valdahon. Nous arrivons le 24. Le même soir, nous embarquons précipitamment en chemin de fer pour rejoindre nos casernes. Le bruit court que nous allons avoir la guerre, mais personne n’y croit vraiment. Pourtant, les jours qui suivent, les nouvelles sont de plus en plus mauvaises. Le 30 juillet, le régiment se mobilise et se tient prêt à partir, le quartier est consigné. Le 31 juillet, des réservistes commencent à arriver. Le 1er août à 2 h 30, le régiment quitte le quartier et vient embarquer à la gare d’Épinal. Vers 5 h 00, nous partons. À 8 h 00, nous arrivons à Bruyères où nous descendons et cantonnons. Le 2 août, l’ordre de mobilisation est général, les figures sont graves, cette fois, plus de doute, c’est la guerre. Le 3 août, nous quittons Bruyères à pied dans l’après-midi, par une chaleur accablante. Nous venons cantonner à Corcieux-Vanémont où nous demeurons jusqu’au 6 août. 

La bataille du col de Sainte-Marie-aux-Mines

Nous quittons Corcieux le 6 août au matin et nous allons cantonner le soir à Saulcy-sur-Meurthe. Il pleut à verse… Le sac est rudement lourd. En manœuvre on « carottait » pour le contenu, mais à présent, nous avons plutôt de l’excédent. Nous arrivons trempés et le cantonnement laisse à désirer, point de paille... Le lendemain matin, je me lève gelé et éreinté, l’habitude n’est pas encore prise.

Le 8 août, nous allons cantonner au Ban-de-Laveline. En passant par Entre-deux-Eaux et la crête de Mandray, nous nous rapprochons de la frontière. Deux douaniers, venant du col d’Urbeis, amènent à leur capitainerie l’équipement et le cheval d’un cavalier allemand. Depuis quatre jours, ils font presque journellement le coup de feu contre des uhlans en reconnaissance. Aujourd’hui, ils ont été plus heureux et ils  en ont descendu un.Par moment, nous entendons dans la direction de l’est le bruit de la fusillade. C’est le 31e B.C.P. qui est en reconnaissance à la frontière, qui reçoit et qui riposte.

Le lendemain 9 août, dès l’aube du jour, le régiment se met en route en direction du col de Sainte-Marie. Arrivés à Wisembach, les bataillons prennent la formation de combat. Le 3e bataillon arrive au col de Sainte-Marie-aux-Mines par la grand-route sans rencontrer de résistance. Il vient s’installer sur un piton qui domine la petite ville de Sainte-Marie. Le 1er et le 2e bataillon grimpent par les chemins de forêts, à travers les sous-bois. Après une heure de marche, ils approchent du sommet. À cet endroit qui se nomme le Renclos-des-Vaches se trouve une clairière qui est fortement occupée par les Allemands. Ils ont déjà creusé des tranchées, les deux extrémités touchent au bois. Dès l’apparition de nos éléments avancés, la fusillade crépite. Nous nous déployons en tirailleurs. Le combat s’engage…

Les blessés commencent à descendre au poste de secours du médecin-chef installé à Wisembach. Pour la première fois, nous faisons la relève des blessés qui ne peuvent marcher. Les jours qui vont suivre, nous assurons le service presque sans arrêt et sous les balles. À plusieurs reprises, nos bataillons essayent d’enlever la position allemande. Des charges à la baïonnette ont lieu. À chaque assaut, les Allemands font le simulacre de se replier sur les côtés, sur le bois, puis ils découvrent leurs tranchées qui sont garnies de tirailleurs et de mitrailleuses qui fauchent nos hommes impitoyablement. Nos pertes sont élevées. Le colonel Menvielle et les deux commandants se tiennent avec le drapeau du régiment à la lisière du bois. Après chaque assaut, les vagues disloquées viennent se reformer là, et recommencent des feux de salve sur la tranchée ennemie. En fin de journée, les Allemands voyant faiblir nos attaques, se lancent, drapeau déployé, hors de leur tranchée. Les nôtres foncent à leur rencontre. Un corps à corps sauvage s’engage. Nous avons l’avantage, l’ennemi voyant cela, il regagne bien vite ses abris. Son drapeau se trouvant dans leur repli, un peu isolé, il s’en est fallu de peu pour qu’il ne tombe pas entre nos mains.

 Référence bibliographique :

Témoignage de Louis Cretin.

 Un grand merci à M. Bordes,  à D. Browarsky et à T. Cornet.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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