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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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2 juillet 2013

Témoignage de Louis Cretin : premiers coups de feu.

                  Louis_Cretin_Wisembach

Tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet qui me permettent  de retranscrire sur ce blog le passage suivant du témoignage de Louis Cretin qui a été à la C.H.R. du 149e R.I. du début à la fin du conflit.

 Le 21 juillet 1914, le 149e R.I. quitte Épinal, sa ville de garnison pour aller faire ses feux de guerre au camp du Valdahon. Nous arrivons le 24. Le même soir, nous embarquons précipitamment en chemin de fer pour rejoindre nos casernes. Le bruit court que nous allons avoir la guerre, mais personne n’y croit vraiment. Pourtant, les jours qui suivent, les nouvelles sont de plus en plus mauvaises. Le 30 juillet, le régiment se mobilise et se tient prêt à partir, le quartier est consigné. Le 31 juillet, des réservistes commencent à arriver. Le 1er août à 2 h 30, le régiment quitte le quartier et vient embarquer à la gare d’Épinal. Vers 5 h 00, nous partons. À 8 h 00, nous arrivons à Bruyères où nous descendons et cantonnons. Le 2 août, l’ordre de mobilisation est général, les figures sont graves, cette fois, plus de doute, c’est la guerre. Le 3 août, nous quittons Bruyères à pied dans l’après-midi, par une chaleur accablante. Nous venons cantonner à Corcieux-Vanémont où nous demeurons jusqu’au 6 août. 

La bataille du col de Sainte-Marie-aux-Mines

Nous quittons Corcieux le 6 août au matin et nous allons cantonner le soir à Saulcy-sur-Meurthe. Il pleut à verse… Le sac est rudement lourd. En manœuvre on « carottait » pour le contenu, mais à présent, nous avons plutôt de l’excédent. Nous arrivons trempés et le cantonnement laisse à désirer, point de paille... Le lendemain matin, je me lève gelé et éreinté, l’habitude n’est pas encore prise.

Le 8 août, nous allons cantonner au Ban-de-Laveline. En passant par Entre-deux-Eaux et la crête de Mandray, nous nous rapprochons de la frontière. Deux douaniers, venant du col d’Urbeis, amènent à leur capitainerie l’équipement et le cheval d’un cavalier allemand. Depuis quatre jours, ils font presque journellement le coup de feu contre des uhlans en reconnaissance. Aujourd’hui, ils ont été plus heureux et ils  en ont descendu un.Par moment, nous entendons dans la direction de l’est le bruit de la fusillade. C’est le 31e B.C.P. qui est en reconnaissance à la frontière, qui reçoit et qui riposte.

Le lendemain 9 août, dès l’aube du jour, le régiment se met en route en direction du col de Sainte-Marie. Arrivés à Wisembach, les bataillons prennent la formation de combat. Le 3e bataillon arrive au col de Sainte-Marie-aux-Mines par la grand-route sans rencontrer de résistance. Il vient s’installer sur un piton qui domine la petite ville de Sainte-Marie. Le 1er et le 2e bataillon grimpent par les chemins de forêts, à travers les sous-bois. Après une heure de marche, ils approchent du sommet. À cet endroit qui se nomme le Renclos-des-Vaches se trouve une clairière qui est fortement occupée par les Allemands. Ils ont déjà creusé des tranchées, les deux extrémités touchent au bois. Dès l’apparition de nos éléments avancés, la fusillade crépite. Nous nous déployons en tirailleurs. Le combat s’engage…

Les blessés commencent à descendre au poste de secours du médecin-chef installé à Wisembach. Pour la première fois, nous faisons la relève des blessés qui ne peuvent marcher. Les jours qui vont suivre, nous assurons le service presque sans arrêt et sous les balles. À plusieurs reprises, nos bataillons essayent d’enlever la position allemande. Des charges à la baïonnette ont lieu. À chaque assaut, les Allemands font le simulacre de se replier sur les côtés, sur le bois, puis ils découvrent leurs tranchées qui sont garnies de tirailleurs et de mitrailleuses qui fauchent nos hommes impitoyablement. Nos pertes sont élevées. Le colonel Menvielle et les deux commandants se tiennent avec le drapeau du régiment à la lisière du bois. Après chaque assaut, les vagues disloquées viennent se reformer là, et recommencent des feux de salve sur la tranchée ennemie. En fin de journée, les Allemands voyant faiblir nos attaques, se lancent, drapeau déployé, hors de leur tranchée. Les nôtres foncent à leur rencontre. Un corps à corps sauvage s’engage. Nous avons l’avantage, l’ennemi voyant cela, il regagne bien vite ses abris. Son drapeau se trouvant dans leur repli, un peu isolé, il s’en est fallu de peu pour qu’il ne tombe pas entre nos mains.

 Référence bibliographique :

Témoignage de Louis Cretin.

 Un grand merci à M. Bordes,  à D. Browarsky et à T. Cornet.

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