Dernière lettre écrite avant le grand départ.
Un grand merci à Patrick Blateyron pour son autorisation de retranscrire cette lettre rédigée par son grand-père Marius Dubiez.
Marius se préoccupe des récoltes tout en essayant de rassurer sa famille…
Épinal, le 28 juillet 1914
Ma chère mère et frère et sœur,
Je vous écris ces quelques lignes en vous disant comment le métier se passe maintenant. On est rentré du Valdahon. Dimanche, la nuit, la mobilisation a sonnée à 9 h 00 du soir et nous sommes partis à 2 h 00 du matin embarqués à la gare du Valdahon jusqu’à Épinal. Il faisait un terrible temps, tellement il pleuvait.
Maintenant on est prêts à partir en guerre. Vous devez savoir que toutes les puissances se disputent entre elles, peut-être que ce ne sera rien, mais les officiers ne rigolent pas de cette affaire-là. Je pense que vous devez l’avoir vue sur les journaux, enfin cela ne sera peut-être rien que ça.
Je pense que vous devez avoir fait la demande agricole comme je vous l’avais déjà dit, signée du maire avec le cachet de la mairie, sans faute, le plus tôt possible car le capitaine veut comme ça. J’ai reçu votre lettre dimanche. Cela m’a bien fait plaisir de savoir que vous êtes tous en bonne santé. Je pense que la maman est bien remise de ses traînes, ainsi que vous me le disiez. Je pense qu’il doit toujours pleuvoir chez vous aussi, car ici il pleut toujours bien fort. Sur la route du Valdahon, cela c’est bien passé, on a été bien reçus, mais on était tous les jours mouillés. C’est bien embêtant ce temps pour les récoltes, car voici le fourrage qui va peut-être s’abîmer. Je serais bien content si je pouvais avoir encore une dizaine de jours pour vous aider à finir, mais je ne pense pas que je les aurai. S’il n’y a rien de nouveau, faites toujours la demande de suite de vous-même et je pense l’avoir.
Rien d’autre à vous dire que je suis bien remis maintenant, j’ai bon appétit, mais on n’a guère à manger. Enfin, je termine ma lettre en vous embrassant tous bien fort de tout mon cœur et d’amitié.
Le bonjour à mon parrain et à ma marraine
Marius Dubiez.
Il faut cliquer une fois sur la photo suivante pour en savoir plus sur Marius Dubiez.
Un grand merci à M. Bordes et à P. Blateyron.