Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
24 avril 2012

Émile Viard (1872-1915).

                  Emile_Viard

Émile Viard est né le 21 novembre 1872 à Chartres, la préfecture du département d’Eure-et-Loir. Il est le fils de Gustave et de Marie Champion. À sa naissance, son père exerçait la profession de receveur des Postes. Quelque temps plus tard, ses parents rejoindront la capitale pour aller vivre dans le 5e arrondissement.

Jeune soldat de la classe 1892, il ne fera qu'une année de service militaire au lieu de trois. Son frère étant mort en service, il a pu bénéficier d’une dispense. Il arrive à la caserne du 113e R.I. en novembre 1893. Le caporal Vial obtient le certificat d’aptitude pour l’emploi de chef de section. Envoyé en disponibilité à la fin du mois de septembre 1894, il est rattaché au régiment de réserve d’Argentan.  Par la suite, il fait de nombreuses périodes d’exercices dans l’armée, il se saisit de ces occasions pour gagner quelques galons supplémentaires et devenir officier de réserve.

 Il est sous-lieutenant de réserve au 306e R.I. de la fin du mois de décembre 1898 au début du mois de juillet 1906, puis lieutenant de réserve au 223e R.I.. Quatre mois plus tard, il est lieutenant de réserve au 108e R.I.T.. Cet homme restera rattaché à cette unité jusqu’à la déclaration de la guerre. 

Avant le conflit, Émile Viard était domicilié à Lyon où il exerçait la profession d’employé d’assurances. 

 Le 20 septembre 1914, il est affecté au bataillon de marche du 158e R.I.. Le lieutenant Viard reste au dépôt de ce régiment jusqu’au moment ou il doit rejoindre le 149e R.I. en mars 1915. Dès son arrivée, il est affecté à une compagnie de mitrailleuses. Émile Viard est nommé capitaine à titre temporaire le 22 mai 1915. Cet officier prend le commandement de la 2e compagnie du régiment le 6 juin 1915. Dix jours plus tard,  il trouve la mort à la tête de celle-ci, lors d’une attaque qui déroule dans le secteur d’Aix-Noulette.

Le corps du capitaine Viard a été recueilli le soir même par le service sanitaire et transporté à la fosse 10 de Sains-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais où il fut inhumé par les soins de l’infirmier de l’ambulance. 

Citation  à l’ordre de la Xe Armée n° 90 en date du 14 juillet 1915 :

« A entrainé brillamment ses hommes à l’attaque d’une tranchée ennemie dans le fond de Buval. Tué en tête de sa compagnie au cours du combat »

« Dans l’attaque du 9 mai a entraîné sa compagnie à l’assaut d’une position ennemie avec un courage et une énergie remarquables. Déjà blessé une première fois au cours de la campagne a été frappé mortellement au cours de cet assaut (J.O. du 31 juillet 1915).

 Sources :

Dossier individuel consulté au service Historique de la Défense à Vincennes.

Fichier des « Morts pour la France » sur le site Mémoire des Hommes.

 Un grand merci à M. Bordes, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

17 avril 2012

Marie André de la Forest-Divonne (1863-1944).

                 Marie_Andre_de_la_Forest__Divonne

Marie André de la Forest-Divonne vit le jour le 12 juillet 1863  dans la petite commune de Poligny située dans le Jura. Son père, Pierre Arthur exerçait la profession de chef de gare au chemin de fer. Sa mère Hélène Joséphine de Jouffroy d’Abbans était propriétaire. Il se marie avec Marie Hélène Dugas de la Cantonnière en 1891 à Dôle. Trois enfants vont naitre de cette union.

Jeune homme, il signe un engagement volontaire de 5 ans à la mairie de Dôle, et débute sa carrière militaire en octobre 1883 en entrant directement à l’École Spéciale Militaire. Il était élève de la promotion de Madagascar.

Une fois sa formation terminée, il est nommé sous-lieutenant au 10e R.I. à Auxonne. Trois ans plus tard, il gagne un galon supplémentaire. Cet officier arrive dans la ville de Saint-Étienne pour rejoindre le 38e R.I. au début de l’année 1895. Régiment, qu’il quittera en juillet 1895 lorsqu’il est nommé capitaine. Par la suite, il rejoint le 134e R.I. à Mâcon. En 1901 il est au 16e  R.I., une unité qui partage ses effectifs entre les villes de Clermont-Ferrand et de Montbrison. Marie André de la Forest-Divonne obtient le grade de chef de bataillon.

Au commencement du conflit, il est affecté au 142e R.I. comme major. Nommé au 149e R.I. le 1er juin 1915, il a tout juste le temps de prendre ses fonctions de commandant de bataillon. En effet, cet officier est grièvement blessé quinze jours plus tard durant l’attaque du 16 juin 1915 en Artois. 

Il termine sa longue carrière militaire en 1921. 

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 21 juillet 1912). 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. du 5 septembre 1915) :

« S’est mis bravement à la tête de son bataillon pour l’entrainer à l’attaque le 16 juin 1915, a été blessé grièvement dans cette opération. » 

Officier de la Légion d’honneur le 16 juin 1920 (J.O. du12 juillet 1920). 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense Vincennes.

Le portrait du commandant Marie André de la Forest-Divonne provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l'illustration ». 

Un grand merci à M. Bordes, à Stéphan Agosto, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

10 avril 2012

Juin 1915, Lucien Kern témoigne (2e partie).

                  _Lucien_Kern

De nouveau un très grand merci à Suzanne Martel et à ses sœurs Roselyne Duclos et Denise Martel.

 Maintenant, la crête de Lorette où nous sommes semble se couvrir d’un manteau bleu. Ce sont les nôtres. Mon régiment et nous autres, le lieutenant crie « la 9e, en avant ! » Ça y est, l’ordre est donné, chacun suit l’autre jusqu’à la brèche pratiquée dans le remblai, et là, nous escaladons. Mais cette fois, nous pouvons à peine déboucher, l’ennemi très avisé et prudent sait bien que c’est ici, où je suis, qu’est le danger. Il sait que si on enlève le « fonds de Buval » si redouté de nous, et si bien défendu par eux, qu’il sera définitivement chassé de ces fameuses crêtes où depuis si longtemps, il a mis tant d’acharnement à se maintenir. C’est pour cela que cette fois, il concentre sur nos tranchées toute son artillerie grosse et petite. Les marmites de 220 tombent avec un fracas terrible, le 77 siffle, les 105, tout dégringolait.  L’ennemi fit un feu de barrage tel que nous reçûmes l’ordre de nous replier en toute hâte. L’enfer s’est déchainé, maintenant toute l’artillerie frappe. Nous n’entendons plus rien, l’air est saturé de poudre et nous étouffons. Les morceaux de fer tombent comme grêle, les projectiles creusent la terre et font voltiger, soldats, cadavres, pierres et sacs de terre. Oh ! C’est horrible, quel fracas, les hommes sont fous. Nous sommes entourés de feu et de fer. Les obus tombent sur le remblai, devant, derrière, les shrapnells éclatent au-dessus de nous, les camarades s’abattent, blessés ou morts. La chaleur est torride, les soldats tremblants sont pelotonnés l’un contre l’autre. Le lieutenant est pâle. « Il faut garder la sape », crie l’officier, « les Allemands vont certainement contre-attaquer ! » Il fait pourtant clair soleil, il est à peine midi, mais il fait nuit ici. La fumée des obus et la terre soulevée assombrissent tout. Nous sommes couverts de terre, tous blancs comme des meuniers, les yeux rougis par la poudre. Oh non !, c’est affreux ! Les obus tombent par deux ou trois à la seconde. À ce moment terrible, où le monde semble fuir devant nous, où nous nous sentions perdus, mes yeux se tournèrent vers le ciel, et je priai Marie, la mère du soldat. J’adressai une prière fervente, mais oh combien triste. Ces moments tragiques resteront gravés en moi à tout jamais…

Sous les obus, avec un sergent légèrement blessé à l’épaule, je gardai la sape. Longtemps après, un autre vint me remplacer. Vers 2 heures, la canonnade se ralentit et cessatout à fait. Seules nos pièces lourdes crachaient la mitraille sur les réserves allemandes, sur les maisons que nous voyions sauter en l’air et sur les bois voisins.  Je me risquai alors un peu et regardai autour de moi. Beaucoup de nos camarades étaient couchés là pour toujours. Oh quel triste tableau. Sur l’autre versant, dans les trous faits par nos obus, des cadavres allemands étaient étendus, fauchés et broyés par nos pièces. Dans toute cette échauffourée, je reçus juste un éclat d’obus au bras gauche, la capote traversée ainsi que ma veste et ma chemise. Il reste là, sur la peau pas une égratignure. Je le conserve dans mon porte-monnaie, c’est un souvenir authentique. En cette fameuse journée du 16 juin, les deux ailes droite et gauche avaient avancé faisant bon nombre de prisonniers, capturant mitrailleuses et butin de toutes sortes et en infligeant d’assez lourdes pertes à l’ennemi. Mon bataillon fut assez éprouvé, plus de cadres, l’effectif réduit de moitié. La distance séparant notre sape de la tranchée ennemie était de 80 m. Ce fut toute la soirée et la nuit, une lutte à coups de grenades détruisant les ouvrages ennemis. La nuit venue, nous envoyons une patrouille pour juger du l’état du terrain. Elle doit se renseigner sur les forces de l’adversaire et voir où se trouvent les mitrailleuses qui nous avaient causé de si grands torts. La patrouille sortit en rampant et revint à bon port, en rapportant les renseignements demandés. Nous reçûmes l’ordre que nous ne seronsrelevés que lorsque le trop fameux « fond de Buval » serait entre notre possession. Perspective peu rassurante parce que nous connaissons l’endroit et nous avons déjà éprouvé la puissance défensive ennemie. Cela nous édifiait assez sur ce qui nous restait à faire.

Ce témoignage a été publié dans la liberté du 3 août 1915, volume 3, numéro 12, page 8. 

Références bibliographiques :

« Lettres de tranchées ». Correspondance de guerre de Lucien, Eugène et Aimé Kern, trois frères manitobains, soldats de l’armée française durant la première guerre. Éditions du blé. Saint-Boniface (Manitoba) Canada 2007. 

Un très grand merci à M. Bordes, à R. Duclos, à S. et à D. Martel et à J. Huret.

3 avril 2012

Marcel Christophe (1895-1915).

                 Marcel_Christophe

Marcel Christophe est né le 29 janvier 1895 à Pierre-Percée une petite commune qui se trouve dans le département de la Meurthe-et-Moselle. Il est le fils du garde forestier Émile Christophe et d’Amélie Clausse. 

Élève de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, il faisait partie de la promotion la Grande Revanche. 

Le 14 août 1914, il décide de signer un engagement volontaire à la mairie de Toul pour une durée de 8 ans. Dès le lendemain, ce jeune soldat intègre le 27e R.I. qui se trouve Dijon.  Début décembre 1914, il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire avant de rejoindre le 95e R.I. à Bourges. Après avoir été confirmé dans son grade de sous-lieutenant à titre définitif, il arrive sur le front d’Artois le 16 janvier 1915 pour être affecté à la 2e compagnie du 149e R.I.. Il est blessé seulement 13 jours après son arrivée dans le secteur de Noulette.  Après 5 mois de soins et de convalescence, ce jeune sous-lieutenant réintègre la 2e compagnie du 149e R.I. le 30 mai 1915. Passé à la 4e compagnie le 7 juin 1915, il sera tué à l’ennemi le 16 juin 1915. 

Citation à l’ordre de la Xe Armée n° 87 en date du 10 juillet 1915 :

« Le 16 juin a entraîné bravement sa section à l’attaque des tranchées ennemies du fond de Buval. Tombé glorieusement au cours du combat». 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Marcel Christophe provient du livre d’or de la promotion de la Grande Revanche, Saint-Cyr 1914.                                                                

Un grand merci à M. Bordes, à  M. Porcher, à E. Rodrigues et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 835 198
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.