9 mai 1915. Préparatifs...
La 2e bataille d’Artois dont le rôle principal incombe à la Xe armée doit être déclenchée simultanément par les 9e, 10e, 17e, 20e, 21e, et 33e C.A..
Le plan de cette bataille a été préparé longtemps à l’avance et à même été plusieurs fois modifié.
Depuis le 5 mai 1915, les préparatifs d’attaque se mettent en place dans le secteur de Lorette, L’offensive débute le 9 mai…
Le 21e C.A. a pour objectif de refouler définitivement les Allemands des hauteurs de Lorette. L’idée étant de faire une trouée dans la ligne adverse, en vue d’une offensive générale dans la direction Souchez-Angres.
Intéressons-nous plus particulièrement à ce qui se passe pour le 149e R.I..
Le 149e R.I., régiment de droite de la 43e D.I., doitparticiper activement à cette attaque. Il est en liaison avec le régiment de gauche de la 13e D.I. et au nord avec le 158e R.I..
Dans un premier temps, le 149e R.I. doit entreprendre une attaque brusquée et violente. Cette attaque est préparée par une accumulation intense de feux d’artillerie. Il doit s’emparer de l’ensemble des défenses organisées par l’ennemi depuis la sape 1 incluse jusqu’à la sape T3 incluse.
À la fin de la 1ère phase de l’attaque, le 149e R.I. devra avoir atteint les objectifs suivants :
1er bataillon : le point Delta.
3e bataillon : la tranchée en Y, la sape T3, la tranchée allant vers l’est pour rejoindre le fond de Buval.
Le 2e bataillon du 149e R.I. devra suivre le mouvement des bataillons d’attaque dès que ceux-ci auront atteint, avec la 1ère ligne, l’ancienne 1ère ligne allemande, avec les soutiens, l’ancienne parallèle allemande. À ce moment, il occupera la ligne haie G, chemin des vaches (boyau en S), lisière est du bois 5.
Dans la 2e phase, il devra pousser plus en avant, à la corne nord-est du bois 8 – corne sud du bois 9 et du bois en hache. Le 158e R.I. doit flanquer le régiment.
L’attaque sera exécutée par les 1er et 3e bataillons du 149e R.I., les sections de mitrailleuses et la compagnie du génie 21/2 sont sous le commandement du lieutenant-colonel dont le P.C. est à la lisière sud-est du bois 6.
Le 2e bataillon assure,avec 3 compagnies et 2 sections de mitrailleuses, la garde du sous-secteur, la 4e compagnie constituant aux abris du bois 6 une réserve à la disposition du chef de corps.
Deux bataillons du 158e R.I. avec la compagnie du génie 21/3 sont en réserve de brigade. Le bataillon Courteilles du 143e R.I.T. a la garde de la ligne de repli.
L’attaque aura lieu par bataillons accolés, chaque bataillon ayant 2 compagnies en 1ère ligne et 2 compagnies accompagnées d’1 section de mitrailleuses qui sont en soutien. Le bataillon de droite (1er bataillon) agit en liaison étroite avec le corps de gauche de la 13e D.I. (21e B.C.P.), le bataillon de gauche (3e bataillon) se soudant avec la droite du 158e R.I..
Comment la troupe est-elle disposée ?
Le 1er bataillon de droite place ses compagnies de 1ère ligne à la tranchée 7-5 et à la parallèle 7-5. Ses compagnies de soutien sont sur la place d’armes III et IV et dans le boyau allant en 1ère ligne.
Le 3e bataillon de gauche place ses compagnies de 1ère ligne dans la parallèle 7-5 et la parallèle est du bois 5. Ses compagnies de soutien sont dans la tranchée à lisière est du bois 5 et sur les places d’armes I et II et dans le boyau allant en première ligne.
Toutes les troupes seront en place le 8 mai à 3 h 00.
La troupe s’organise…
Chaque bataillon dispose de son équipe de grenadiers. Les compagnies sont à effectif maximum, les hommes sans sacs, la couverture et la toile de tente roulées autour du corps. Deux jours de vivres à l’intérieur, 250 cartouches qui sont réparties entre les cartouchières et la musette. Un outil portatif et un sac à terre vide sont accrochés au ceinturon. Les unités sont réparties par moitié en tireurs et en travailleurs. Les tireurs n’ont que leur fusil et une grenade anglaise dans la poche, appareil Filloux au bout du fusil. Les travailleurs ont le fusil en bandoulière, 2 grenades à main, 1 outil de parc, 2 sacs à terre vides, 1 échelle légère pour 4, 1 piquet pour 5 hommes, des hérissons et 20 kg de fil barbelé ou réseau brun roulé autour du corps. Chaque compagnie dispose de 20 fusées éclairantes, quelques fusées à signaux et les cisailles. Les bidons seront remplis de vin, de café ou d’eau, ceux des sous-officiers d’eau de vie. La calotte d’acier est placée dans le képi. Chaque bataillon d’infanterie a, avec lui, une section du génie qui est munie d’outils de parc et de cisailles, de grenades à main et de sacs à terre. Les grenadiers ont 10 grenades dans la musette, 4 sacs à terre, le pistolet automatique ou le fusil en bandoulière. Tout le matériel nécessaire est préparé à l’avance dans les petits dépôts de tranchées. Les troupes d’attaque les prendront au passage. Le 1er bataillon à ses dépôts aux bois 7 et 8, le 3e bataillon au bois 6 et 5. Les troupes d’attaque ne doivent pas avoir sur elles de documents confidentiels, ni objets étrangers d’aucunesorte.Les havresacs sont rassemblés par compagnie. Ils sont laissés dans un local du cantonnement sous la surveillance des cuisiniers (Aix-Noulette) et de la C.H.R. (Petit-Sains). Chaque homme est muni, soit d’un mouchoir propre et de ouate ou coton, imbibé à l’avance d’Hyposulfite ou d’eau de chaux, pris dans les postes de secours, soit de masques et de dispositifs spéciaux qui pourront être distribués.
Références bibliographiques :
Les archives du S.H.D. ont été consultées, ainsi que le J.M.O. de la 85e brigade : série 26 N 520/10.
Pour en savoir plus :
« Les combats de Notre-Dame-de-Lorette » du capitaine J. Joubert. Éditions Payot, Paris 1939.
« Lorette. Une bataille de 12 mois » d’Henri René. Éditions Perrin et Cie. Paris 1919.
« Les campagnes de 1915 » du général Malleterre. Éditions librairie Militaire Berger-Levrault.1918.
Un très grand merci à M. Bordes, à V. Le Calvez, à T. Cornet, à J. Huret, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».