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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 avril 2011

9 mai 1915. Préparatifs...

                Moment_de_detente       

La 2e bataille d’Artois dont le rôle principal incombe à la Xe armée doit être déclenchée simultanément par les 9e, 10e, 17e, 20e, 21e, et 33e C.A..

Le plan de cette bataille a été préparé longtemps à l’avance et à même été plusieurs fois modifié.

Depuis le 5 mai 1915, les préparatifs d’attaque se mettent en place dans le secteur de Lorette, L’offensive débute le 9 mai…

 

Le 21e C.A. a pour objectif de refouler définitivement les Allemands des hauteurs de Lorette. L’idée étant de faire une trouée dans la ligne adverse, en vue d’une offensive générale dans la direction Souchez-Angres.

 

Intéressons-nous plus particulièrement à ce qui se passe pour le 149e R.I..

 

Le 149e R.I., régiment de droite de la 43e D.I., doitparticiper activement à cette attaque. Il est en liaison avec le régiment de gauche de la 13e D.I. et au nord avec le 158e R.I..

Dans un premier temps, le 149e R.I. doit entreprendre une attaque brusquée et violente. Cette attaque est préparée par une accumulation intense de feux d’artillerie. Il doit s’emparer de l’ensemble des défenses organisées par l’ennemi depuis la sape 1 incluse jusqu’à la sape T3 incluse.

 

À la fin de la 1ère phase de l’attaque, le 149e R.I. devra avoir atteint les objectifs suivants :

1er bataillon : le point Delta.

3e bataillon : la tranchée en Y, la sape T3, la tranchée allant vers l’est pour rejoindre le fond de Buval.

Le 2e bataillon du 149e R.I. devra suivre le mouvement des bataillons d’attaque dès que ceux-ci auront atteint, avec la 1ère ligne, l’ancienne 1ère ligne allemande, avec les soutiens, l’ancienne parallèle allemande. À ce moment, il occupera la ligne haie G, chemin des vaches (boyau en S), lisière est du bois 5.

  

 Dans la 2e phase,  il devra pousser plus en avant, à la corne nord-est du bois 8 – corne sud du bois 9 et du bois en hache. Le 158e R.I. doit flanquer le régiment.

 

L’attaque sera exécutée par les 1er et 3e bataillons du 149e R.I., les sections de mitrailleuses et la compagnie du génie 21/2 sont sous le commandement du lieutenant-colonel dont le P.C. est à la lisière sud-est du bois 6.

Le 2e bataillon assure,avec 3 compagnies et 2 sections de mitrailleuses, la garde du sous-secteur, la 4e compagnie constituant aux abris du bois 6 une réserve à la disposition du chef de corps.

Deux bataillons du 158e R.I. avec la compagnie du génie 21/3 sont en réserve de brigade. Le bataillon Courteilles du 143e R.I.T. a la garde de la ligne de repli.

L’attaque aura lieu par bataillons accolés, chaque bataillon ayant 2 compagnies en 1ère ligne et 2 compagnies accompagnées d’1 section de mitrailleuses qui sont en soutien. Le bataillon de droite (1er bataillon) agit en liaison étroite avec le corps de gauche de la 13e D.I. (21e B.C.P.), le bataillon de gauche (3e bataillon) se soudant avec la droite du 158e R.I..

 

Comment la troupe est-elle disposée ? 

 

Le 1er bataillon de droite place ses compagnies de 1ère ligne à la tranchée 7-5 et à la parallèle 7-5. Ses compagnies de soutien sont sur la place d’armes III et IV et dans le boyau allant en 1ère ligne.

Le 3e bataillon de gauche  place ses compagnies de 1ère ligne dans la parallèle 7-5 et la parallèle est du bois 5. Ses compagnies de soutien sont dans la tranchée à lisière est du bois 5 et sur les places d’armes I et II et dans le boyau allant en première ligne.

 

Toutes les troupes seront en place le 8 mai à 3 h 00.

 

               Mitrailleuse_149e_R

           

 

La troupe s’organise…

 

Chaque bataillon dispose de son équipe de grenadiers. Les compagnies sont à effectif maximum, les hommes sans sacs, la couverture et la toile de tente roulées autour du corps. Deux jours de vivres à l’intérieur, 250 cartouches qui sont réparties entre les cartouchières et la musette. Un outil portatif et un sac à terre vide sont accrochés au ceinturon. Les unités sont réparties par moitié en tireurs et en travailleurs. Les tireurs n’ont que leur fusil et une grenade anglaise dans la poche, appareil Filloux au bout du fusil. Les travailleurs ont le fusil en bandoulière, 2 grenades à main, 1 outil de parc, 2 sacs à terre vides, 1 échelle légère pour 4, 1 piquet pour 5 hommes, des hérissons et 20 kg de fil barbelé ou réseau brun roulé autour du corps. Chaque compagnie dispose de 20 fusées éclairantes, quelques fusées à signaux et les cisailles. Les bidons seront remplis de vin, de café ou d’eau, ceux des sous-officiers d’eau de vie. La calotte d’acier est placée dans le képi. Chaque bataillon d’infanterie a, avec lui, une section du génie qui est munie d’outils de parc et de cisailles, de grenades à main et de sacs à terre. Les grenadiers ont 10 grenades dans la musette, 4 sacs à terre, le pistolet automatique ou le fusil en bandoulière. Tout le matériel nécessaire est préparé à l’avance dans les petits dépôts de tranchées. Les troupes d’attaque les prendront au passage. Le 1er bataillon à ses dépôts aux bois 7 et 8, le 3e bataillon au bois 6 et 5. Les troupes d’attaque ne doivent pas avoir sur elles de documents confidentiels, ni objets étrangers d’aucunesorte.Les havresacs sont rassemblés par compagnie. Ils sont laissés dans un local du cantonnement sous la surveillance des cuisiniers (Aix-Noulette) et de la C.H.R. (Petit-Sains). Chaque homme est muni, soit d’un mouchoir propre et de ouate ou coton, imbibé à  l’avance d’Hyposulfite ou d’eau de chaux, pris dans les postes de secours, soit de masques et de dispositifs spéciaux qui pourront être distribués.

Références bibliographiques :

Les archives du S.H.D. ont été consultées, ainsi que le J.M.O. de la 85e brigade : série 26 N 520/10.

Pour en savoir plus :

« Les combats de Notre-Dame-de-Lorette » du capitaine J. Joubert. Éditions Payot, Paris 1939.

« Lorette. Une bataille de 12 mois » d’Henri René. Éditions Perrin et Cie. Paris 1919.

«  Les campagnes de 1915 »  du général Malleterre. Éditions librairie Militaire Berger-Levrault.1918.

 

Un très grand merci à M. Bordes, à V. Le Calvez, à T. Cornet, à J. Huret, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ». 

20 avril 2011

Sergent Joseph Dechanet (1890-1915).

                   Joseph_Dechanet        

Je viens ici remercier Y. Marain, petit-neveu de Joseph Dechanet et le directeur de publication des « Cahiers haut-marnais » pour leurs autorisations de reproduire sur le blog du 149e R.I., les lettres écrites par le sergent Joseph Dechanet. Ces lettres furent l’objet d’une première publication dans un ancien numéro des cahiers haut-marnais, cahiers édités par les archives départementales de la Haute-Marne.

Les lettres de Joseph Dechanet qui vont pouvoir être lues ici ont toutes été adressées à son frère. Elles sont malheureusement peu nombreuses. L’ensemble de cette correspondance couvre une courte période allant de novembre 1914 à juin 1915.

 

Originaire de Courcelles-sur-Aujon, Joseph Dechanet est né le 16 janvier 1890. Ses parents exercent la profession de cultivateurs. Il effectue ses études au petit séminaire de Langres puis au lycée de Chaumont, en première et classe de baccalauréat. En décembre 1909, il est nommé surnuméraire à l’enregistrement des domaines et du timbre.

 

Après quelques mois de stage, il part effectuer son service militaire. Libéré de ses obligations militaires en octobre 1913, il est nommé receveur de l’Enregistrement dans les Basses-Alpes et doit prendre son service le 16 mai 1914, après avoir quitté son poste provisoire d’Auberive.

 

Mobilisé en août 1914, il est incorporé au 149e R.I., et vite promu dans le grade de sergent. Ainsi, brusquement arraché à sa jeune carrière professionnelle, il est un de ceux qui va être surpris par l’ampleur de la guerre, surtout par les formes nouvelles qu’elle adopte. Comme tous ses camarades, c’est dans un cadre inattendu, imprévisible qu’il  va vivre l’expérience des tranchées.

 

Un des traits dominants de ces dernières lettres, c’est l’étonnement de survivre, alors que tant d’hommes ont disparu dans les furieux combats de 1914. Blessé le 17 juin 1915, il est évacué à l’ambulance de Sains-en-Gohelle. La mort qu’il appelait parfois, comme pour se délivrer des souffrances endurées, finit par l’emporter dans son giron, le 24 juin 1915 à Sains-en-Gohelle.

 

Le sergent Joseph Dechanet, de la 11e compagnie, repose dans le carré militaire du cimetière de la commune de Sains-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais.

 

Premières lettres…

 

20 novembre 1914

Nous sommes dans la froide terre de Belgique. Nous vivons dans les tranchées, immobiles pendant une semaine entière parfois, sous la pluie, la neige, dans la boue, attendant l’attaque prussienne et recevant une grêle d’énormes obus, du matin au soir. Puis, fusillades, assauts, cris… Et l’on fusille comme des lapins et cela tombe. J’en ai descendu pour ma part ! Brutes que nous sommes ! Brutes courageuses, il est vrai. Enfin, il le faut.

Mais voici que l’hiver a commencé par ici. La terre dure ; la neige couvre déjà le sol. Les pieds gèlent. Comment passer l’hiver, dans l’immobilité la plupart du temps ? C’est impossible. Si les balles et les obus ne nous tuent pas bientôt, le froid s’en chargera.

 

4 décembre 1914

Quand cela finira-t-il ? Il n’est pas permis d’entrevoir, même au lointain, l’aurore de la paix, et chaque jour la mort fauche parmi nous… La journée la plus calme coûte à chaque compagnie sept ou huit hommes. Chaque bataille fait une terrible hécatombe : que de vides quand le soir on se compte ! Et la compagnie affaiblie, décimée, est reformée, une fois, deux fois, dix fois.

Rares, combien rares sont ceux qui ont vu sans dommage tous les combats ! Et quand nous songeons à ce qui nous reste à faire, que veux-tu que nous disions en manière de conclusion ? Que nous n’avons guère d’espoir de goûter, à nouveau, un jour à la vie.

 

24 décembre 1914

Pour moi, je suis en ce moment commandant d’une section de réserve de 30 hommes. Dès qu’il y aura des vides devant nous, nous irons reprendre notre place. Je n’ai d’ailleurs manqué jusqu’à présent à aucune bataille. Comment peut-on passer ainsi pendant des mois à travers les mailles du filet ? C’est incroyable ! Là-bas, le canon français gronde sourdement. La fusillade crépite de temps en temps, les mitrailleuses crachent à grande vitesse. Un de ces jours, nous allons reprendre notre place là-bas. Il faudra bien en effet que les Allemands se décident à s’en aller. Pour cela nous ferons ce qu’il faudra. Et ce qu’il faut, c’est bondir sur les tranchées, au milieu des balles…

Mais il faut en finir. Cela sera sanglant, tant pis. Un jour, nous les tiendrons. En tout cas, jamais nous n’avons reculé, nous autres  du  149e. Si un jour nous rentrons chez eux, malheur à eux. Ils paieront dur ce qu’ils font souffrir à la France et à la Belgique. Puissions-nous voir cela !!

En attendant, c’est demain Noël. Triste Noël ! Comme nous pensons aux nôtres, au foyer, aux parents, aux amis, aux fêtes de famille, aux joies envolées ! Heureusement, nous songeons que là-bas aussi on pense à nous. Nous faisons notre devoir et cela nous soutient. Le danger ne nous fait plus peur, nous en avons déjà tant vu !

 

Source :

« Les cahiers Haut-Marnais ». Cahiers édités par les archives départementales de la Haute-Marne. Cote 7 rev 168.

 

Un grand merci à M. Alzingre, à M. Bordes, à J.N. Deprez, à Y. Marain, à F. Petrazoller et au Conseil départemental de la Haute-Marne. 

12 avril 2011

Commune de Saint-Nabord (88).

                  Saint_Nabord_001       

Cinq Navoiriauds du 149e R.I. sont inscrits sur le monument aux morts de la commune de Saint-Nabord.

Sergent Léon Émile Couval (1888-1915).

Léon Couval est né le 29 novembre 1888 à Saint-Nabord (Vosges). Fils de Jules Couval et de Marie Amélie Durupt. Il se marie le 23 novembre 1912 à Saint-Nabord avec Anne Catherine Mergy. Avant la guerre, il est tourneur sur bois. Léon Couval sert dans la 5e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il trouve la mort le 29 septembre 1915 dans le secteur d’Aix-Noulette. Pas de sépulture connue.

  

Soldat Émile Creusot (1884-1914).

Émile Creusot est né le 22 juillet 1884 à Ruaux (Vosges). Fils de Charles Creusot et de Joséphine Rouillon. Il est célibataire et exerce la profession d’ouvrier typographe. Soldat servant dans la 7e compagnie, il décède le 25/26 août 1914 dans le secteur de Xaffévillers. Il repose dans la Nécropole Française de Rambervillers, sépulture n° 645.

 

Adjudant Jules Félicien Grandgirard (1875-1914).

Jules Grandgirard est né à La Longine (Haute-Saône). Fils de Jean Baptiste Grandgirard et de Delphine Ducharnois. Il est adjudant à la 3e compagnie du 149e R.I., lorsqu’il  est tué le 1er novembre 1914 dans le secteur de Bouvigny à l’âge de 41 ans.

Il repose dans le carré militaire du cimetière de Bouvigny-Boyeffles, sépulture n° 12.

 

Médaille militaire :

« Sous-officier d’une très grande valeur militaire. A fait preuve, le 8 octobre 1914, des plus brillantes qualités en entraînant sa section et en la maintenant malgré un feu très violent de l’ennemi, permettant ainsi aux fractions voisines de progresser et de s’emparer d’une position importante. »

 

Soldat Joseph Théophile Lemarquis (1892-1914).

Joseph Lemarquis est né le 16 mai 1892 à Dommartin-lès-Remiremont. Fils de Joseph et de Marie Célestine Aubry. Il était célibataire et travaillait comme employé des chemins de fer.  Il servait dans la 7e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il est tué dans les combats de Souain (Marne) le 14 septembre 1914.

Il repose dans la Nécropole Nationale de la « Crouée » dans la commune de Souain-Perthe-les-Hurlus, tombe n° 90.

 

Soldat Auguste Joseph Py (1876-1915).

Auguste Py est né le 17 mars 1876 à La Rosière (70). Fils de Cyrille et d’Hortense Py. Soldat venant du 43e R.I.T., il passe à la 11e compagnie du 149e R.I., quelque temps avant de se faire tuer le 20 juillet 1915 dans le secteur d’Aix-Noulette. Il repose dans la Nécropole Nationale de Notre-Dame-de-Lorette, tombe n° 17944.

 

 Source :

« Les soldats Navoiriauds pendant la première guerre mondiale ». Collection Découvrir Saint-Nabord, livre n° 1. Société d’histoire de Saint-Nabord. Novembre 2009.

 

Un grand merci à Gilbert Noël et à la mairie de Saint-Nabord . 

5 avril 2011

Soldat André Leblanc (1879-1915).

                  Andre_LEBLANC        

André Ernest Leblanc est né le 4 novembre 1879, à Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne). Il est le fils de Joseph Leblanc et d’Alice Martinet. Avant la guerre, il exerce la profession d’agent d’affaires à Paris.

Mobilisé au 34e R.I.T., il est versé au 149e R.I., le 1er octobre 1914.

Soldat à la 10e compagnie, il tombe au champ d’honneur, le 4 mars 1915, à Aix-Noulette. Il est inhumé par ses camarades dans le boyau où il était tombé. Il repose définitivement depuis le 15 juin 1922, dans le cimetière communal de Bray-sur-Seine.

 

Décoré de la Médaille militaire, le 15 novembre 1915 :

« Brave soldat, ayant toujours accompli vaillamment son devoir. Mort pour la France, le 4 mars 1915, à Noulette.» Croix de guerre avec étoile de bronze. 

 

Source :

« Livre d’or des anciens élèves du lycée de Sens » de Paul Schaumann. Éditions : Sens, société générale d’imprimerie et d’édition. 1925.

 

Un grand merci à Thierry Cornet. 

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