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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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5 février 2010

De la croix rouge à la croix de bois... Année 1914.

                Croix rouge

 

Nombreux sont ceux dont la « Camarde » n’a pas voulu sur les lieux des combats, et qui malgré les soins apportés, décédèrent dans les hôpitaux français et allemands.  Ils moururent souvent loin des leurs et des copains. Pour certains quelques jours ou quelques semaines après leurs blessures ou leurs maladies, pour d’autres quelques mois voir quelques années après … Rien que pour l’année 1914 (après 5 mois de conflit), ils sont au nombre de 94 au 149e R.I..

En voici la liste (Il y a certainement des manquants…)

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                           Tableau des décédés dans les hôpitaux pour l'année 1914.

 

 

Prise en charge des blessés des lieux des combats à l’arrivée dans les hôpitaux.


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Les groupes de brancardiers en 1914.

Sur les lieux des combats le soldat blessé peut lui même appliquer sur sa plaie le pansement individuel qu’il porte dans la poche de sa capote. Souvent un infirmier régimentaire ne sera pas très loin pour lui porter les premiers secours. Ces mêmes infirmiers, profitant de la première accalmie deviennent  brancardiers régimentaires. Ils passent le long de la ligne pour ramasser  les blessés qu’ils transportent au poste de secours. Dans ce lieu, il arrive également tous les blessés qui ont pu, d’eux-mêmes, se mettre à l’abri d’un bois ou d’une meule. Tous ceux au contraire qu’un projectile immobilisera sur place et qu’on relèvera, l’action terminée. Tous les « isolés » que les brancardiers retrouvent, parfois au bout de deux ou trois jours, évanouis dans un fossé ou endormis d’épuisement dans quelque grange déserte. Du poste de secours, souvent même directement du champ de bataille, les blessés, soit à pied, soit dans les voitures, soit sur les brancards, sont amenés par les brancardiers divisionnaires à l’une des ambulances. Ici sont réalisés les vrais pansements, les interventions urgentes, rarement de grandes opérations. Après quoi, les blessés sont dirigés par voitures sur les hôpitaux d’évacuation. Au bout d’un délai, qui varie suivant le genre de blessures, l’hôpital, qui est souvent situé près d’une gare, fait transporter les blessés dans les trains sanitaires. Ces derniers sont installés en « assis » ou en « couchés » et seront pris en charge par des majors et des infirmiers. A certaines stations du voyage, de nouveaux « tris » s’opèrent, les blessés à la tête, par exemple, ne devant pas voyager trop longtemps sans pansement nouveau.  Les autres continuent leur chemin, pour être admis dans les hôpitaux du territoire, supplées par de très nombreux hôpitaux auxiliaires que la guerre a fait surgir sur tous les points de la France.

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L’organisation des groupes de brancardiers à la division et au corps d’armée.

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Ambulance_1914Le service de santé du corps d’armée est complètement autonome. Autrefois lorsqu’il fonctionnait d’après le règlement de 1892, il comprenait à l’avant :

1er : Le service de santé régimentaire.

2e : Les ambulances.

3e : Les hôpitaux de campagne (huit par corps d’armée).

L’ambulance était alors l’organe de beaucoup le plus important. Elle avait un personnel médical nombreux, un matériel roulant lourd et encombrant. Elle avait un rôle énorme. Elle recevait les éclopés, les malades, les nourrissait, les soignait, les évacuait, confiant aux municipalités les malades non évacuables. Au moment du combat et lorsque la bataille était terminée, elle allait chercher les blessés au moyen de ses mulets et de ses voitures, les soignait et les évacuait. Cette tâche était d’une difficulté extraordinaire et il faut avoir vu certains champs de bataille des guerres modernes pour s’en rendre compte.

Le nouveau règlement de 1910, ému de la tâche difficile qui avait été dévolue aux ambulances, s’est efforcé de les décharger un peu. Il a rendu distincts l’organe d’évacuation et de transport et l’organe de traitement. Il a institué les groupes de brancardiers totalement indépendants des ambulances. Ces dernières ont ainsi été rendues plus mobiles, plus maniables, plus faciles à déplacer suivant les besoins du moment.

Les groupes de brancardiers se divisent en groupe de brancardiers divisionnaires et groupes de corps.

La composition de ces groupes est identique au point de vue du personnel et du matériel. Chacun se divise en deux sections et le groupe de brancardiers de corps peut être assimilé, très exactement, à un groupe de brancardiers divisionnaires augmenté et auquel viendrait s’adjoindre une section d’hygiène et de prophylaxie. Ce groupe de brancardiers de corps, comme tous les organes de corps, peut-être considéré comme une formation tenue en réserve et venant au moment nécessaire ou même remplacer complètement les groupes divisionnaires lorsque ces derniers sont insuffisants pour mener à bien tout le travail.

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Le personnel des groupes de brancardiers.

Le personnel médical des groupes de brancardiers comprend :

1)     Un médecin chef de groupe.

2)     Un ou deux médecins-majors ou aide-major.

3)     Des médecins auxiliaires.

4)     Les hommes de troupe brancardiers.

Le médecin chef du groupe est, pour les groupes de brancardiers divisionnaires, un médecin major de 1ère  ou de 2e classe. Le médecin chef des brancardiers de corps est un médecin major de 1ère classe. C’est lui qui se réserve la direction et la surveillance de la formation.

Les médecins aides-majors dirigent la 2e section des formations de brancardiers. Le médecin major de 2e classe, placé sous les ordres du médecin chef du groupe de brancardiers de corps est,  en outre chargé de l’organisation et de la mise en service de la section d’hygiène et de prophylaxie rattachée à la 1ère section du groupe. On le désigne parfois sous le nom de médecin bactériologiste.

Les médecins auxiliaires au nombre de neuf pour les brancardiers de corps et de six pour les brancardiers divisionnaires, dirigent les escouades de brancardiers. Ils les guident dans leurs recherches, surveillent le chargement des blessés sur les brancards, accompagnent les voitures pendant le transport.

Les hommes de troupe brancardiers (sous-officiers, caporaux et soldats) sont au nombre de 132 pour les groupes divisionnaires et de 205 pour les groupes de corps.

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Le matériel des groupes de brancardiers.

Le matériel des groupes de brancardiers comprend un matériel de roulage et un matériel médico-pharmaceutique. Dans le matériel de roulage, on a réuni les moyens de transport  les plus divers pour pouvoir s’adapter aux besoins de l’évacuation, pour pouvoir l’effectuer dans des conditions les plus différentes, en rase campagne, dans les sentiers, dans les chemins, sur les routes et pour pouvoir charger les voitures avec les blessés assis ou couchés. Ces moyens mis à la disposition des groupes de brancardiers comprennent : la grande voiture à quatre roues, la petite voiture à deux roues, les cacolets, les brouettes porte-brancards. La grande voiture à quatre roues peut transporter dix blessés assis ou quatre blessés couchés. Les blessés assis se placent sur des banquettes à charnières mobiles permettant de relever et de maintenir ces banquettes contre les parois latérales de la voiture. Les blessés couchés sont étendus sur des brancards formant deux plans superposés. Grâce à  ce dispositif sur rail fixé au milieu et sur les côtés de la voiture, on fait glisser le brancard au moment de l’embarquement. Les parois latérales de la voiture sont en bois. Le groupe de brancardiers de corps possède six voitures de ce modèle, chaque groupe de brancardiers divisionnaires en possède cinq.

Les voitures à deux roues ne permettent que le transport de deux blessés couchés. Le mode de suspension des brancards y est exactement le même que pour la voiture à quatre roues. Ces voitures sont au nombre de six dans les groupes divisionnaires et de huit dans le groupe de corps Les groupes divisionnaires ont en outre seize cacolets, les groupes de corps en ont vingt. Ces cacolets sont des fauteuils pliants qu’on accroche de chaque côté du bât d’un mulet. Les malades y sont assis parallèlement au mulet, regardant dans la même direction que lui. La brouette  porte-brancard constitue le dernier mode de transport dont disposent les groupes de brancardiers. Son seul nom en indique la disposition ; on les appelle aussi brancards roulants. Ils sont transportés, démontés sur des chariots de parc au nombre de 15 par chariot, deux chariots pour les groupes divisionnaires, trois pour les groupes de corps.

Il n’est pas toujours nécessaire de se servir de tous ces moyens de transport réunis. Le besoin ne s’en fait vraiment sentir qu’après des combats meurtriers.

Le nombre de blessés peut parfois être si élevé qu’il devient impossible de les évacuer par les moyens normaux dont dispose le service de santé. Il faut alors dans ces moments de presse recourir à des moyens de transport de fortune que fournissent les différents services de l’armée ou la réquisition. Les services de l’armée peuvent fournir des fourgons de distribution, de ravitaillement et de réserve.

Les groupes de brancardiers sont dotés d’un matériel médico-pharmaceutique nécessaire pour pouvoir donner aux blessés transportés les premiers soins ou pour parer aux complications pouvant survenir pendant le transport. Les brancardiers emportent sur eux une musette à pansements renfermant des pansements individuels, une bande hémostatique et un flacon d’alcoolat de mélisse pour réconforter les blessés. Chaque chef de brancard possède en outre, la trousse d’infirmier (ciseaux droits et courbes, pinces) dans le but principal de dégager la plaie des vêtements plus ou moins souillés qui l’entourent.

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Les trains sanitaires.

Train_sanitaire L’évacuation des blessés avait été prévue avant-guerre. Le point de départ se trouvait à la gare régulatrice qui, parmi ses organes, comptait un hôpital d’évacuation chargé de maintenir à proximité de l’armée, les malades et les blessés légers, d’hospitaliser provisoirement les blessés qui ne pouvaient être transportés plus loin, d’évacuer les autres. Les trains qui emportaient les blessés évacués suivent la ligne de communication de l’armée, à la vitesse des trains militaires, soit trente kilomètres à l’heure ; on leur à réservé des marches calculées à raison de 3 par C.A.. Des arrêts sont prévus de six heures en six heures, pour assurer le service médical et l’alimentation. Celle-ci est fournie par les infirmeries de gare, organisées et desservies par la Société française de secours aux blessés militaires. Les convois circulent ainsi jusqu’à la gare de répartition  de la région intéressée. Là, d’après la nature de leurs maladie ou de leurs blessures et d’après le nombre de places disponibles, malades et blessés sont acheminés sur les formations sanitaires d’une certaine zone, dite zone d’hospitalisation de l’armée.

Au début de la guerre, par exemple, les gares de répartition et les zones d’hospitalisation sont les suivantes :

1ère armée : Montchanin (partie de la 8e région) et Moulins (13e région).

2e armée : Orléans (5e région), Saint-Pierre-des-Corps (9e région), Bordeaux (18e région).

3e armée : Maintenon (4e région), Nantes (11e région).

4e armée : Limoges (12e région), Cahors (17e région).

5e armée : Douai (partie de la 1ère région), Amiens (partie de la 2e région) Rouen (partie de la 3e région), Rennes (partie de la 10e région).        

Ces régions subirent de grosses modifications après la bataille de la Marne. Elles s’expliquent pour les raisons suivantes : Deux régions de corps d’armée sont envahies, de nouvelles armées sont créées et la zone occupée par les armées à changé.

Les premiers trains sanitaires : Dans quelles voitures, dans quels trains voyagent malades et blessés ? La question est d’importance au point de vue des chemins de fer. Il faut distinguer les évacuations journalières et celles qui ont lieu pendant les périodes de combat.

Op_ration_chirurgicale001En principe, les évacuations journalières se font, sans demande spéciale, de toutes les gares par les trains de service journalier, pour les malades ou blessés pouvant voyager assis. Des gares de ravitaillement sur la gare régulatrice, elles ont lieu par le retour des trains de ravitaillement quotidiens, pour tous les malades ou blessés. A cet effet, en constituant les trains de ravitaillement, la gare régulatrice y fait monter un médecin, un officier d’administration des hôpitaux et un certain nombre d’infirmiers et brancardiers, prélevés sur la réserve de personnel sanitaire, maintenue à la gare régulatrice. Pendant les périodes de combat, les transports ont lieu, pour les malades où blessés assis, au moyen de voitures à voyageurs ou, à la rigueur, de wagons aménagés, compris dans les trains ordinaires ou constituant des trains complets ; pour les malades ou blessés couchés, ils se font dans des trains sanitaires permanents ou improvisés.

Les trains sanitaire permanents : Ils sont au nombre de 7, composés de voitures spécialement aménagées pour le transport des malades ou des blessés les plus grièvement atteints, qui n’auraient pu supporter le transport par les voitures ordinaires et qu’il importait d’évacuer du théâtre des opérations. Chaque train était fourni par la même compagnie. Tous se composaient de fourgons de marchandises, bien homogènes, éclairés, susceptibles d’être chauffés. Un train comprenait 23 wagons, dont seize destinés aux malades et aux blessés, un pour le personnel officier (2 médecins, un pharmacien, un officier d’administration), un pour les infirmiers (28), un contenant les approvisionnements de lingerie, pharmacie et chirurgie, une cuisine, une allège de la cuisine, un wagon à provisions et un à linge sale. Les wagons pour blessés recevaient chacun 8 lits-brancards, assez confortables, installés sur 2 étages.

Les trains sanitaires improvisés : Les trains sanitaires improvisés se composaient de wagons couverts à marchandises, qui recevaient, au moment du besoin, par les soins des hôpitaux d’évacuation, un aménagement temporaire spécial, ainsi que les moyens de chauffage et d’éclairage nécessaires. La préparation des trains demandait environ 7 heures. Le train comprenait au maximum 40 wagons, dont une voiture de 1ère classe ou mixte pour le personnel, 6 wagons à frein pour le matériel et les bagages et 33 wagons pour les blessés (400 environ).

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Références bibliographiques :

« La direction du service de santé en campagne » de M. le médecin inspecteur  A. Troussaint. Editions Lavauzelle. 1913.

« Etude sur l’organisation et le fonctionnement des groupes de brancardiers pendant la guerre actuelle » Thèse pour le doctorat en médecine par Antoine Fabry. 1915.

« Considérations sur l’organisation d’un groupe de brancardiers divisionnaires pendant les premiers mois de la guerre (1914) » Thèse pour le doctorat en médecine par Gabriel Bayles. 1917.

« Les chemins de fer français et la guerre » par le colonel Le Hénaff et le capitaine H. Bornecque. Editions Paris Librairie Chapelot. 1922.

« Décret du 31 octobre 1892 portant règlement sur le service de santé de l’armée en campagne avec notices et modèles » Editions Charles Lavauzelle. 1892.

Commentaires
A
Bonjour.<br /> <br /> <br /> <br /> Mon Arrière grand-père Albert PEUCH est né à Epinal en 1880. Il a été enrôlé dans le 149ème RI en août 1914, 43ème Division, 2ème Bataillon, 6ème compagnie, sous le matricule 01887, classe 1900, 38 au recrutement d'Epinal. <br /> <br /> <br /> <br /> le 16.10.1920, Il a été décoré à titre posthume de la Médaille Militaire avec cette mention "Brancardier d'un grand dévouement , Il s'est fait tout particulièrement remarquer le 01.03.015 à Notre Dame de Lorette, en portant secours à un camarade mortellement blessé". <br /> <br /> Le jour même le 01.03.1915 (il a bientôt 100 ans) Albert PEUCH est décédé des suites de sa blessure, après avoir été blessé "'d'une plaie pénétrante au thorax" lors des combats d'Aix Noulette". <br /> <br /> Il a été évacué à l'ambulance n°3 à Sains-en-Gohelle (62). Ambulance à laquelle il était probablement rattaché. J'ai récupéré de nombreux documents sur lui, auprès des services de santé des armées, à partir de sa blessure et de son arrivée à l'ambulance n°3, jusqu'à son décès et son inhumation. <br /> <br /> Ces documents pourraient vous intéresser : listes nominatives de soldats blessés admis à l'ambulance n°3, les mêmes jours qu'Albert PEUCH dont plusieurs soldats du 149ème RI : Comment vous les faire parvenir ?<br /> <br /> <br /> <br /> Mais je n'ai pas réussi à trouver son parcours depuis la déclaration de la guerre jusqu'à son décès, dans les services de santé en tant que brancardier. J'ai 2 lettres de lui, sur l'une d'elle, il signe "infirmier". <br /> <br /> <br /> <br /> Savez-vous s'il existe des répertoires des équipes médicales avec les noms des personnels rattachés à ces services et où les trouver ? Les archives médicales n'ont rien en ce sens. Comment trouver où il était affecté, et l'itinéraire de son service de santé ?<br /> <br /> <br /> <br /> J'écris un document sur lui, j'aimerai savoir comment vous pourriez le publier sur votre site ? En tout cas, félicitations pour le fabuleux travail que vous avez déjà réalisé, j'ai toujours un grand plaisir à naviguer sur vos pages. Je comprends mieux le parcours de mon arrière grand père mais surtout leurs rudes conditions de survie et de combat ?<br /> <br /> N'hésitez pas à me contacter sur mon adresse mail.<br /> <br /> Merci <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> A. Bouvet
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